En racontant ma soirée concert de jeudi dernier, j'ai parlé rapidement de la façon dont j'avais pris les photos. Normalement, les vraies conditions de concert, c'est pas de flash, on prévoit un objectif très lumineux (y'a quelques progrès à faire de ce côté-là pour moi) et on se contente des éclairages en place (qui sont en général suffisants aussi bien au niveau lumière que couleurs). Sauf que dans certains cas, comme dans les bars qui n'ont pas de vrais éclairages, c'est un peu extrême comme conditions.

Donc dans ces cas-là, il m'arrive parfois de sortir le flash, comme lors des concerts de Pier à l'Avenue. En général, le flash n'est pas envoyé directement sur les chanteurs, mais sur un mur, un plafond, etc. avec éventuellement un diffuseur ou réflecteur dessus, histoire d'avoir un éclairage un peu plus soft que le flash direct.

Jeudi, j'ai voulu pousser le concept un peu plus loin. Un des éléments important à apprendre lorsqu'on fait de la photo au flash, c'est comment équilibrer l'éclair avec la lumière d'ambiance. Aujourd'hui, les flashes récents (je parle des flashes externes, hein, pas de la petite loupiote intégrée au boîtier) ont des mécanismes de mesure TTL (pour Through The Lens, au travers de l'objectif) qui permettent de calculer la meilleure exposition et de couper l'éclair dès que la scène a été suffisamment éclairée.

Mais ça ne fait pas tout (et pour tout dire, ça ne me sert quasiment jamais). En fait, la partie la plus importante de l'équilibrage se fait non pas au niveau du flash mais au niveau du boîtier, grâce aux trois paramètres habituels : ISO, vitesse d'obturation et diaphragme. L'ISO, c'est la vitesse à laquelle votre capteur va réagir pour enregistrer la lumière qu'il reçoit. La vitesse d'obturation donne le temps pendant lequel l'obturateur restera ouvert, et le diaphragme donne une indication sur l'ouverture de l'objectif.

Petit rappel simplifié sur ces trois paramètres en conditions normales, sans flash, en maintenant les autres réglages constants :

  • plus l'ISO est élevé, plus le capteur réagira vite, donc plus la photo sera claire (mais on risque d'avoir du bruit sur la photo si on la pousse un peu trop haut).
  • plus on aura une vitesse d'obturation lente, et plus la photo sera claire, mais plus on risque aussi d'avoir du flou de bouger, aussi bien de l'appareil que du sujet (ce qui peut être voulu)
  • pour l'ouverture, plus le chiffre est petit, plus le diaphragme est ouvert, et donc plus la photo sera claire. Mais en même temps, plus le diaphragme est ouvert et plus la profondeur de champ (la zone de netteté de l'image) diminue.

Or ces éléments ne sont valables que pour un éclairage continu. Dans le cas d'une photo au flash, l'éclair est tellement bref que la vitesse d'obturation n'a aucune influence sur le résultat. Par contre, ISO et diaphragme conservent leur influence. Le résultat, c'est qu'on aboutit à un moyen de régler plus ou moins indépendamment la quantité de lumière due au flash et celle due à la lumière ambiante. En fixant le diaphragme et l'ISO, on détermine l'exposition due au flash. En faisant varier ensuite la vitesse, on déterminera la quantité de lumière ambiante à prendre en compte.

Pour en revenir à mes photos de concert, j'ai voulu ajouter non seulement de la lumière, mais aussi une touche de couleur. Pour ça, j'ai ajouté des filtres de couleurs sur mon flash. Bien évidemment, pour un McGyver de la photo comme moi, je n'allais pas acheter des vrais gélatines super chères pour ça. Donc direction le rayon fournitures scolaires du supermarché le plus proche. J'ai pris un paquet de chemises transparentes colorées, et j'ai fait atelier découpage une fois rentré à la maison.

Filtres colorés

Plus qu'à placer ça devant le flash (chacun sa façon : élastique, velcro... moi, je le cale entre la lentille du flash et le diffuseur grand angle), et voilà un flash coloré. Donc maintenant, quand on met un peu tous ces éléments ensemble ça donne ça :

  • Selon l'humeur, je choisis le filtre coloré qui me convient et je le mets sur le flash.
  • J'oriente mon flash vers un plafond, un mur, etc. de manière à ne pas éclairer directement les chanteurs mais plutôt à créer une lumière "d'ambiance".
  • Je règle ISO et diaphragme pour caler l'exposition due au flash (en fait, dans la réalité, je laisse le diaphragme ouvert au maxi et l'ISO assez haute vu le peu de lumière ambiante, et je modifie plutôt la puissance du flash).
  • Je règle la vitesse d'obturation pour avoir une exposition correcte des chanteurs (qui sont éclairés par les projecteurs et non pas par le flash).

En conclusion, avec ces quelques réglages, ça me permet d'avoir un éclairage tungstène (donc assez orange) sur les chanteurs, et de modifier le fond pour lui donner la couleur que je veux avec mon flash. Voilà pour la leçon du jour. Maintenant, à vos boîtiers, et on travaille l'équilibrage flash/lumière ambiante !