Chicken LittleTout d'abord, une petite mise au point culturelle pour ceux qui ne connaîtraient pas le dessin animé. Chicken Little est un petit poulet (comme son nom l'indique) sans histoire qui vit seul avec son père (depuis la mort de sa tendre maman), jusqu'au jour tragique où tout bascule : ce jour-là, un morceau du ciel lui tombe sur la tête ! Et toute volaille qu'il est, le petit Chicken n'est pas une poule mouillée. N'écoutant que son courage, il se précipite au clocher du village pour sonner le tocsin. Panique dans le village, tout le monde s'affole sans savoir pourquoi, jusqu'à ce que les regards convergent vers le timide gallinacé. Malheureusement pour lui, la foule incrédule refuse d'écouter ses mises en gardes et le tourne en ridicule. Le pauvre héros, croyant bien faire, s'est attiré les foudres de tous les habitants du bourg, et même son père a honte de lui.

Un an plus tard, alors que cet échec cuisant est encore un douloureux souvenir dans sa mémoire, Chicken Little manque de se faire écraser par un nouveau bloc azuré. Cette fois-ci, plus aucun doute sur ce qui a pu se passer l'année précédente, mais un délicat dilemme s'offre au courageux volatile : il peut soit tenter d'alerter à nouveau ses concitoyens, au risque de devoir affronter de nouveau le mépris et la dérision, soit se taire pour préserver sa dignité et la fierté de son père récemment acquise, mais mettant par là même en péril la survie de toute la population. Il va devoir faire un choix difficile, entre la responsabilité qui lui incombe de sauver ses compatriotes, et la peur d'une nouvelle humiliation publique, avec toutes ses cruelles conséquences.

Maintenant, quelle leçon peut-on tirer de ces deux paragraphes hautement pédagogiques ? Un simple parallèle avec la vie chrétienne. D'un côté, une mission importante nous a été confiée par Jésus lui-même :
Marc 16:15-16
"Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné."

Voilà un message d'importance capitale ! Nous sommes chargés de mettre en garde nos contemporains face à la terrible menace qui plane sur ceux : celle d'une éternité sans Dieu. Et notre responsabilité est claire :
Ezéchiel 33:7-9
"Et toi, fils de l’homme, je t’ai établi comme sentinelle sur la maison d’Israël. Tu dois écouter la parole qui sort de ma bouche, et les avertir de ma part. Quand je dis au méchant: Méchant, tu mourras ! si tu ne parles pas pour détourner le méchant de sa voie, ce méchant mourra dans son iniquité, et je te redemanderai son sang. Mais si tu avertis le méchant pour le détourner de sa voie, et qu’il ne s’en détourne pas, il mourra dans son iniquité, et toi tu sauveras ton âme."

Notre charge est d'autant plus cruciale qu'il y a un moyen de salut pour tous ces gens. Mais lorsque nous nous taisons, nous sommes coupable de non-assistance à personne en danger. Voilà un des grands échec de l'église en général, et de beaucoup de chrétiens en particulier (moi le premier). Combien d'hommes et de femmes sont morts sans qu'aucun chrétien de leur entourage n'ait pris la peine de leur rendre témoignage ?

Et le syndrome Chicken Little continue de faire des ravages ! Lorsqu'on a été échaudé après avoir tenté de parler de l'évangile à des amis, lorsqu'on s'est fait ridiculiser en voulant amener des collègues de travail au salut, on y réfléchit à deux fois avant de retenter l'expérience. Non seulement c'est humiliant d'être traité de la sorte, mais c'est aussi d'autant plus frustrant que l'on sait le sort qui attend les moqueurs, et d'autant plus douloureux que les personnes auxquelles on s'adresse sont proches de nous. Comment arriver à assumer son rôle de sentinelle sans devenir la risée des gens que l'on veut cherche à avertir ? Comment proclamer haut et fort le message de la croix sans s'attirer les quolibets et les sarcasmes ?

La réponse n'est malheureusement pas plaisante : il n'y a aucun moyen d'arriver à un tel résultat. L'avertissement de Jésus à ses disciples est toujours valable aujourd'hui :
"Vous serez haïs de tous, à cause de mon nom" (Matthieu 10:22) et "s‘ils m‘ont persécuté, ils vous persécuteront aussi" (Jean 15:20).

Seulement Jésus avait une point de vue tout à fait différent. Pour lui, les événements extérieurs avaient peu d'impact sur son message ou sur sa motivation, car il gardait les yeux fixés sur le but établi par Dieu : le salut des hommes. Il fixait résolument ses regards sur "celui qui juge justement" sans se laisser atteindre par les contingences terrestres. Au contraire, toute l'opposition qu'il recevait ajoutait à sa détermination, et en cela, il nous a demandé de l'imiter : Luc 6:22-23
"Heureux serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu’on vous chassera, vous outragera, et qu’on rejettera votre nom comme infâme, à cause du Fils de l’homme ! Réjouissez-vous en ce jour-là et tressaillez d’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans le ciel ; car c’est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes."

Bien sûr la perspective immédiate n'est pas réjouissante, car toutes ces choses égratignent notre orgueil. Notre amour propre est atteint lorsque nous affrontons le rejet. Notre fierté est blessée lorsque nous sommes le sujet de moqueries. Voilà pourquoi il nous est dit de "crucifier la chair avec ses passions et ses désirs". Tous les mauvais penchants charnels, dont l'orgueil est le premier, doivent mourir, pour laisser place à la vie de l'esprit. Ce n'est qu'en acceptant de renoncer à nous-mêmes pour nous consacrer à l'oeuvre excellente de Christ que nous pourrons avoir le même détachement que lui face aux épreuves de toutes sortes et que nous trouverons le courage nécessaire pour aller de l'avant.

Et il n'est pas de meilleur exemple sous nos yeux pour nous fortifier que celui de la Croix, démonstration du renoncement total de Christ et preuve indiscutable de son amour infini pour nous. Il ne nous reste plus qu'à marcher dans les pas du maître...

Luc 9:23 "Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive."