Jean s'étonnait récemment dans quelques commentaires de trouver dans mes billets un message qui lui semblait loin de celui qu'il voyait dans les évangiles. Pourtant de mon côté, je suis le premier à dire que je base mes convictions sur la Bible et seulement sur la Bible. Je lui ai donc promis de répondre de manière plus détaillée à ses questions, et j'espère que ce billet, qui ne sera basé que sur des textes des évangiles, permettra de clarifier ce qui lui semblait assez paradoxal dans ma façon de voir.

Tout d'abord, clarifions ce que l'on entend par le "message des évangiles" : les quatre évangiles que contient la Bible racontent la vie de Jésus sur Terre, de sa naissance à son retour au ciel, en passant par sa crucifixion et sa résurrection. Le message des évangiles, c'est donc l'enseignement que Christ nous a laissé au travers de ses paroles et de sa vie, tels que rapportés dans ces quatre livres. Toute la Bible va dans le même sens, et j'aurais pu prendre des versets dans l'ancien comme dans le nouveau testament pour présenter ce message, mais j'ai choisi de me limiter volontairement ici aux quatre évangiles.

Pour résumer ce message, je citerai donc simplement ces paroles de Jésus dans Matthieu 22:37-40 :

Jésus lui répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes.

C'est donc au travers de ces deux commandements que Jésus a résumé non seulement son message mais aussi la Bible dans son ensemble. Ces deux préceptes couvrent les deux aspects de son message : celui lié à nos relations humaines, et celui lié à notre relation avec Dieu.

Commençons par le second commandement : "tu aimeras ton prochain comme toi-même." Il est suffisant pour cadrer 99% de nos relations humaines. Dans le cadre de ce commandement, Jésus a appelé ses auditeurs à faire preuve d'amour, de pardon, de respect les uns envers les autres. Il l'a notamment illustré avec l'histoire du bon Samaritain (Luc 10:30-35) : dans cette parabole, un Samaritain est le seul homme à porter secours à un Juif qui a été agressé et laissé pour mort, alors que Juifs et Samaritains, à l'époque, ne s'entendaient pas (Jean 4:9). Malgré la discorde et le mépris réciproque qui régnaient entre leur deux peuples, cet homme a choisi de faire preuve de compassion, contrairement aux deux Juifs religieux qui étaient passés avant lui devant le mourant.

A de nombreuses occasions, Jésus exhorte donc de la même manière à aimer les autres, en dépit des circonstances et au-delà des simples affinités. Dans Luc 6:27-31, il souligne que cet amour doit s'étendre à tous, y compris ses propres ennemis, et se traduire dans les actes :

Mais je vous dis, à vous qui m’écoutez: Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent.
Si quelqu’un te frappe sur une joue, présente-lui aussi l’autre. Si quelqu’un prend ton manteau, ne l’empêche pas de prendre encore ta tunique. Donne à quiconque te demande, et ne réclame pas ton bien à celui qui s’en empare. Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux.

Jésus a aussi insisté sur l'importance du pardon. Ce n'est pas à nous de condamner les autres, car nous ne sommes pas meilleurs qu'eux. Dans Matthieu 7:1-5, il dit :

Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez.
Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’oeil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton oeil ? Ou comment peux-tu dire à ton frère : Laisse-moi ôter une paille de ton oeil, toi qui as une poutre dans le tien ? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton oeil, et alors tu verras comment ôter la paille de l’oeil de ton frère.

On voit encore dans Matthieu 18:21-22 :

Pierre s’approcha de lui, et dit : Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu’il péchera contre moi ? Sera-ce jusqu’à sept fois ?
Jésus lui dit : Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à septante fois sept fois.

Voilà de manière synthétique l'enseignement de Jésus concernant les relations des hommes entre eux. Maintenant, il ne faut pas oublier le deuxième aspect de son message : celui qui touche à notre relation avec Dieu.

Sur ce point-là, le commandement cité plus haut est essentiel : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. Pour Jésus, c'est le premier et le plus grand de tous les commandements.

Mais c'est aussi celui qui a le plus été négligé, voire même oublié. Pourtant, les conséquences sont tragiques. A ceux qui ne respectent pas la loi de Dieu et marchent dans le péché, Jésus n'a pas peur de parler de la condamnation qui les attend. Dans Marc 9:43-48 par exemple, il dit ceci :

Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la ; mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie, que d’avoir les deux mains et d’aller dans la géhenne, dans le feu qui ne s’éteint point. Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le ; mieux vaut pour toi entrer boiteux dans la vie, que d’avoir les deux pieds et d’être jeté dans la géhenne, dans le feu qui ne s’éteint point. Et si ton oeil est pour toi une occasion de chute, arrache-le ; mieux vaut pour toi entrer dans le royaume de Dieu n’ayant qu’un oeil, que d’avoir deux yeux et d’être jeté dans la géhenne, où leur ver ne meurt point, et où le feu ne s’éteint point.

Dans Matthieu 13:47-50, Jésus souligne que les hommes auront des comptes à rendre à Dieu, qui séparera les "justes" d'avec les "méchants" :

Le royaume des cieux est encore semblable à un filet jeté dans la mer et ramassant des poissons de toute espèce. Quand il est rempli, les pêcheurs le tirent ; et, après s’être assis sur le rivage, ils mettent dans des vases ce qui est bon, et ils jettent ce qui est mauvais. Il en sera de même à la fin du monde. Les anges viendront séparer les méchants d’avec les justes, et ils les jetteront dans la fournaise ardente, où il y aura des pleurs et des grincements de dents.

Ceux qui limitent Jésus à la première partie de son message ont du mal à accepter qu'il puisse se montrer aussi sévère à ce niveau. C'était déjà le cas des disciples qui avait fini par conclure, dans Marc 10:26-27, qu'aucun homme ne pourrait être sauvé :

Les disciples furent encore plus étonnés, et ils se dirent les uns aux autres : Et qui peut être sauvé ?
Jésus les regarda, et dit: Cela est impossible aux hommes, mais non à Dieu : car tout est possible à Dieu.

Voilà en fait la clé de cet aspect du message de Christ : tous les hommes sont perdus, car pécheurs devant Dieu, et ne peuvent se racheter. Dieu seul peut les sauver et les pardonner. Est-ce à dire qu'il pardonnera tout le monde ? Les menteurs ? Les voleurs ? Les pédophiles ? Les meurtriers ? La réponse de Jésus est simple. Elle apparaît clairement dans Jean 3:16-18 :

Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. Celui qui croit en lui n’est point jugé; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.

Un peu plus loin, au verset 36, c'est Jean-Baptiste qui prêche le même message :

Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui.

Au travers de ces quelques versets, Jésus aussi bien que Jean-Baptiste affirment que ce que Dieu désire, ce n'est pas que les hommes soient condamnés, mais qu'ils soient sauvés, et c'est pour cela qu'il a envoyé son fils Jésus-Christ. En mourant sur la croix, il a payé le prix nécessaire au pardon. Les hommes ont donc désormais le choix : soit ils acceptent Jésus-Christ, choisissent de se repentir et de marcher avec Dieu, soit ils décident de continuer dans leur voie de péché. Dans le premier cas, ils pourront bénéficier du pardon acquis par Christ au prix de sa vie. Dans le deuxième, ils refusent délibérément ce pardon et s'exposent par conséquent à la juste condamnation de Dieu.

Voilà pourquoi il nous est rapporté dans Matthieu 4:17 que :

Dès ce moment Jésus commença à prêcher, et à dire: Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche.

En guise de conclusion, Jean avait tout à fait raison de souligner que l'enseignement du Christ était basé sur l'amour, la compassion et le respect envers les autres. Mais réduire son message à cela, c'est en négliger la moitié et passer sous silence la partie la plus importante, qui est un appel à la repentance, car au jour du jugement, chacun devra rendre compte pour lui-même, et ceux qui auront refusé d'accepter la grâce de Dieu devront faire face à sa condamnation.