Top 10
Par Spica le Jeudi 07 juin 2007, 09:19 - Je pense donc j'écris - Lien permanent
Lorsqu'un chrétien cherche à convaincre quelqu'un de venir à Christ et de croire en Dieu, il pioche souvent dans son expérience personnelle et dans la Bible les arguments qui lui semblent les plus frappants. Et en écoutant divers prédicateurs annoncer l'Evangile à toutes sortes d'auditoires, ou même simplement des chrétiens témoigner à leurs amis, famille, collègues, etc., j'ai constaté que certains thèmes avaient tendance à revenir beaucoup plus que les autres.
Voilà le Top 10 des sujets que la majorité des chrétiens aiment utiliser pour évangéliser :
- L'amour de Dieu : Dieu t'aime plus que tout.
- La guérison physique : Dieu a la puissance pour te guérir si tu veux bien lui faire confiance.
- La guérison morale : Dieu veut consoler ton coeur ou restaurer ton couple.
- Les bénédictions de Dieu : Dieu veut te bénir dans tous les domaines de ta vie.
- La grâce infinie de Dieu : Dieu veut faire grâce à tous les hommes, sans distinction.
- L'espoir : Accepte Dieu, et tu retrouveras un espoir pour ta vie.
- L'amour fraternel et la solidarité : C'est Jésus qui a dit : "Aime ton prochain comme toi-même".
- Le développement personnel : Si tu savais tout le potentiel que Dieu voit en toi et combien il veut t'aider à t'épanouir...
- L'estime de soi : Aux yeux de Dieu, ta vie a une valeur inestimable.
- Les grands projets de Dieu pour chacun : Dieu a prévu de grandes choses pour ta vie.
Quel est le point commun à tous ces thèmes ? Ils mettent l'accent sur la personne à laquelle on s'adresse. Ils font tourner tout le message biblique autour d'elle en soulignant tout ce qu'elle a à gagner en se décidant à croire en Dieu. Ils ont de quoi flatter l'égo et séduire les inconvertis. A l'opposé, un certain nombre de thèmes sont au contraire plus ou moins évités.
Top 10 des thèmes les plus évités pour évangéliser :
- La loi morale de Dieu, que l'on trouve dans les Dix Commandements et le premier d'entre eux : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, toute ta force, toute ta pensée."
- Le péché, qui est la transgression de cette loi.
- La justice parfaite de Dieu, qui ne peut tolérer le péché.
- La culpabilité de chaque homme devant Dieu.
- L'enfer et la condamnation éternelle.
- La croix et tout ce qui a trait à la crucifixion de Christ.
- La repentance et la nécessité de se détourner de son péché.
- Le diable, les démons et tout ce qui touche un peu trop au surnaturel.
- La sanctification et le fait de chercher à marcher d'une manière droite et pure devant Dieu.
- Les épreuves et les tentations.
Qu'ont en commun ces sujets-là ? Ils mettent l'accent sur Dieu lui-même et la condition misérable de l'homme devant ce Dieu pur et parfait. Et effectivement, il y a de quoi faire peur, ou soulever des critiques. Ce n'est pas en accusant son interlocuteur d'être coupable et en faisant planer sur lui la menace d'une condamnation éternelle en enfer qu'on va s'attirer sa sympathie. D'aucuns diront qu'on cherche à lui faire peur, ce qui s'apparenterait plus à de l'intimidation qu'à de l'évangélisation.
Mais finalement, est-ce qu'en utilisant ce genre de discours on ne réduit pas la prédication de l'évangile à une campagne de marketing ? Comme si Dieu était un produit que l'on vend aux gens, une marque qu'on veut imposer comme repère au public. C'est malheureusement le sentiment que j'ai trop souvent lorsque j'entends des croyants démarcher de "nouveaux clients", et c'est aussi la perception que beaucoup de gens semblent avoir de l'Eglise qui, croient-ils, cherche simplement à gagner de nouveaux membres.
Pourtant, nulle part dans la Bible je n'ai vu Jésus ni les apôtres utiliser ces arguments pour appeler les gens à revenir vers Dieu. Le seul verset qui s'en approche le plus, à ce que je me souvienne, c'est celui qui rapporte cette parole de Jésus :
Matthieu 11:28
Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos.
Un verset en plein milieu d'un passage dans lequel Jésus condamne ceux qui ont refusé de reconnaître en lui le Messie et de se repentir, et qu'il termine en appelant ses auditeurs à "prendre son joug et recevoir ses instructions."
Les apôtres n'ont pas appelés les hommes de leur temps à venir à Dieu pour être guéris, mais ils priaient pour eux et ils étaient guéris, car les guérisons et tous les autres prodiges qu'ils accomplissaient étaient des signes de l'autorité et de l'approbation qu'ils avaient reçues de Dieu. Ils ne se servaient pas de ces miracles comme arguments marketing.
Voilà pourquoi en ce qui me concerne, je veux aussi avoir le même message et redonner à tous ces arguments la place qui me semblait être la leur du temps de Jésus et des premiers chrétiens. Mon but n'est pas d'amener des gens dans mon église, mais de permettre à ceux qui veulent bien m'écouter de réaliser leur condition devant Dieu pour qu'ils puissent faire le bon choix.
Oui, Dieu aime les hommes, mais quelle meilleure preuve de son amour que le fait de mourir sur la croix pour prix de notre péché, nous donnant ainsi la possibilité d'être sauvés ? Oui Dieu a de grands projets pour chacun d'entre nous, mais il ne peut les accomplir que si l'on accepte de l'écouter et de suivre sa volonté, même lorsqu'on ne la comprend pas et qu'elle nous semble illogique. Oui, ta vie a du prix aux yeux de Dieu : Christ a donné la sienne pour la sauver, mais ton salut ne dépend pas de tes mérites. Tu n'en as aucun. Seul le sang de Jésus est suffisamment précieux pour racheter ton âme de la condamnation. Es-tu prêt à l'accepter ?
Commentaires
Eh oui, excellente analyse. Mais qui présuppose l'existence de Dieu.
Et on retombe sur la grande question. A laquelle Michel Onfray par un tonitruant "il n'existe pas". A laquelle je réponds plutot par l'agnosticisme; Michel Onfray ne peut pas plus prouver la non-existence de Dieu que les chrétiens ne peuvent prouver son existence. Je m'en tiens sur mon quant-à-soi. Plutot que de spéculer sur l'après-vie, travaillons à l'ici et maintenant. Il y a du boulot, retroussons nos manches. Et nous trouverons dans la fraternité humaine beaucoup de ce que nous recherchons inutilement dans l'au-dela...
C'est ce que je reproche à Michel Onfray : le dogmatisme avec lequel il affirme que Dieu n'existe pas sert de base à son travail de "déconstruction" des religions, et au nom de ce dogme de foi (il n'y a ni raison ni preuve là-dedans, ce n'est rien de plus que sa conviction personnelle), il se permet des attaques assez dures contre tout type de religion. Ce qui est exactement la même chose que ce qu'il dénonce.
écris-tu, moi ce qui me choque terriblement là dedans c'est d'accoler le mot convaincre à croire.Pour ma part, convaincre est un exercice purement égocentrique qui ne sert que celui qui est sujet. Ca ne sert à rien, c'est même souvent contre productif.
Quant à convaincre à croire, convaincre à avoir foi ? Euh ? c'est pas un peu du grand n'importe quoi ? La foi, on la ressent dans nos tripes, nan ?
La foi, c'est personnel, c'est dans les tripes, effectivement. Mais ça se construit d'après ce qu'on vit, ce qu'on expérimente, ce qu'on apprend, ce qu'on entend, ce qu'on accepte, ce qu'on rejette. Ca n'est pas quelque chose de figé. Sinon, tu croirais encore au Père-Noël aujourd'hui.
Il suffit parfois d'un mot pour réaliser que l'on est complètement passé à côté de quelque chose depuis le début.
Quoi ? Le Père Noël est mort ?
Bon, tu éludes le problème. Ce n'est pas grave, il te sera beaucoup pardonné.
Pour moi, accoler foi et convaincre est parfaitement indécent, limite obscène. Tout comme l'évangélisation d'ailleurs. Note bien que je ne t'attaque pas sur ta foi, ou sur le courant auquel tu crois (je m'en fous un peu beaucoup car ça ne me regarde pas d'une part, et d'autre part, je n'ai justement à te convaincre de rien ), mais sur ce verbiage et autres pratiques coercitives.
La foi EST une conviction, par définition, et je comprends que tu puisses être choqué à l'idée que qui que ce soit puisse essayer d'influencer les convictions des autres. Mais mon but n'est pas de forcer qui que ce soit à croire la même chose que moi. Il est plutôt d'informer les autres, parce que je ne peux pas voir les gens autour de moi aller vers l'enfer sans les prévenir. Est-ce que tu trouverais logique qu'avec de telles convictions je puisse regarder le monde autour de moi sans réagir, sans vouloir le mettre en garde ? Pas moi.
Jésus a dit à ses disciples d'être des "témoins", pas de "convertisseurs". Voilà pourquoi je préfère dire la Vérité en laquelle je crois plutôt qu'utiliser des arguments plus consensuels. Ensuite, libre à ceux qui m'écoutent d'en tenir compte ou pas. La conviction, ce n'est pas mon boulot, c'est celui de Dieu.
Ahem... Tu présupposes être dépositaire de La Vérité (à droite le paradis, à gauche au fond de la cour c'est l'enfer). Seulement de quelle vérité ? hein ? parce que La Vérité, ben c'est le dernier truc auquel on se retient quand on n'est sûr de rien d'autre. Dire que tu détiens La Vérité équivaut à dire que tu as La Conviction d'avoir raison, et qu'hors de Ton enseignement (ou de celui que des hommes ont tirés de celui de ton dieu), point de salut...
C'est curieux cette opposition "consensuel" / "Ta Vérité". Je ne comprends pas bien où se situe l'ouverture, la liberté là-dedans... mais bon, la chaleur sans doute (il doit pas pleuvoir ?)
Là encore, par définition, quand on croit quelque chose, ça veut dire qu'on croit que ce quelque chose est vrai. Si je pensais que c'est faux, je n'y croirais pas.
Ensuite, j'oppose "ma vérité" (j'étais sûr que le possessif serait relevé, mais dire "La vérité" passerait pour encore plus intolérant et "Une vérité" me semble contradictoire) aux "arguments consensuels" parce que comme je le dis dans le billet, je vois un peu trop de chrétiens présenter leur foi en évitant ces sujets par peur de choquer ou de paraître ridicules face aux personnes auquelles ils s'adressent. Je préfère être totalement clair sur ce en quoi je crois plutôt que d'avoir l'impression de faire dans la démagogie. C'est ce qui me semble le plus honnête.
Oh mais non ! On peut très bien "penser faux", "croire faux", j'en fait l'expérience tous les jours...
Moi, ce qui me semble le plus ouvert (pas trop envie de mettre l'honnêteté à toutes les sauces) c'est de faire part de mes expériences, de ne surtout pas dire à l'autre "regarde, j'ai testé tel truc, je me suis planté comme une merde (ou pas), n'y vas pas tu vas morfler" mais plutôt "j'ai testé tel truc, je me suis planté comme une merde (ou pas), tu me raconteras ce que tu en as retiré ?".
Ca m'embête toujours de décider à l'aune de mes expériences ce qu'il serait meilleur pour l'autre. Primo parce que j'ai les chefaillons au gourou qui pousse en horreur (ne le prends pas pour toi), secundo parce que c'est formateur de se planter et/ou de réussir par soi-même.
Moi, je préfère dire "n'y vas pas, tu vas morfler", même si je pourrai pas empêcher la personne d'y aller si elle le veut.
Ben vala, moi je situe la liberté de l'autre et la foi en son intelligence au-dessus de mon jugement, de mes a priori, de mes doutes.
Euh ? manquerait plus que ça que tu puisses empêcher l'autre de faire ce qu'il veut ! ;-\
Alors que moi, je préfère laisser l'autre libre de m'écouter ou pas, puis d'agir comme il le veut. Chacun est libre de faire ses erreurs, mais je n'ai pas le sentiment d'empiéter sur cette liberté en mettant en garde d'un danger.
? Parce que tu estimes qu'il est aisé de dire à quelqu'un qui fait preuve d'attention et qui se fait quelque peu insistant dans la démonstration de celle-ci : "écoute, Toto, t'es gentil mais ce que tu me dis là c'est le fruit de ton expérience dans un contexte bien donné, avec un cursus qui est tien et qui n'a rien à voir avec ce que j'ai pu vivre ou ce que je veux expérimenter" ? (si j'étais vraiment vicieux, je te dirai que c'est ce que tu fais actuellement avec moi, mais je réserve mes vices à d'autres )D'expérience, je peux te dire que c'est un exercice que je ne sais toujours pas faire, je subis alors le discours de l'autre et m'en pars le maudire parce que la sollicitude c'est bien, l'ingérence c'est à vomir.
J'ai bien compris ton point de vue, et je ne vais pas débattre indéfiniment là-dessus, parce que le contenu du message est plus important pour moi que le fait d'avoir le droit ou pas de le partager. Surtout que je ne fais rien du tout ici : c'est toi qui viens me relancer sur mon propre blog... :-p