Dimanche soir, le festival s'est finalement terminé. Après cinq jours de folies, 16 concerts, plus de 2200 photos, il me restait à traîter tout ça et à tirer le bilan.

Encore une fois, ce festival a été une réussite. Du point de vue des organisateurs, c'est sûr. Et les 23000 spectateurs qui ont débarqué sur la prairie des filtres pourront certainement en témoigner. Mais de mon point de vue aussi. Tout d'abord parce que ce que j'aime dans ce festival, c'est son côté convivial, la bonne humeur générale, les concerts qu'on écoute allongé dans l'herbe... Ce que j'aime, les variété de style malgré le thème central qui unit tout ça. Et la thématique du Maghreb cette année m'a permis de découvrir toutes sortes d'artistes formidables. Parce que les artistes du Maghreb, c'est bien évidemment le raï, mais les réduire à cela serait à la fois totalement injuste et erroné. C'est aussi la fusion de rythmes occidentaux avec les mélodies orientales. C'est l'amalgame de styles extrêmement variés et d'instruments exotiques. On y retrouve la rencontre insolite de la fusion et des chants berbères, des mélanges improbables de free jazz et de gnawa. Pop, folk et électro profitent de la chaleur du Sahara et nous reviennent parfois sous forme de reprises arabisées de tubes français ou anglais...

Et tout ça pour un prix de billet dérisoire : pour 5€, on accède à au moins trois ou quatre concerts chaque soir. Je doute que beaucoup d'autres festivals allient une telle qualité avec un prix aussi bas.

Pour finir, je crois que je garderai de nombreux souvenirs de cette édition 2009, mais le dernier concert de la semaine, celui de Rachid Taha, gardera une place de choix parmi eux. Même si musicalement, je me suis régalé, j'avoue que tout le reste de la soirée à oscillé entre la désolation et les crises de fous rire : outre le fait qu'il soit arrivé sur scène dans un état relativement suspect, au point qu'il en tenait à peine debout, je crois aussi qu'il a du faire criser les techniciens autant que ses musiciens vu son état : et vas-y que je vire une chanson parce que j'en ai pas envie là (très pros, les zicos, pour enchaîner...), et vas-y que je fais tourner le micro au bout du câble et que je le fracasse régulièrement en le cognant ou en le laissant tomber. Et puis le pauvre backliner qui se fait rappeler continuellement pour une chose ou une autre (je n'ai jamais vu un technicien revenir aussi souvent sur scène) : pour lui filer une nouvelle cigarette, pour lui remettre son oreillette, pour lui prendre en photo la jolie fille du premier rang, pour aller chercher le gars au chapeau dans la foule et le ramener sur scène...

Un drôle de gus celui-là d'ailleurs. Il a passé la plupart des soirs debout sur la balustrade de sécurité ou sur les épaules de ses copains pour agiter un drapeau algérien. Sauf qu'il se faisait jeter par les vigiles dès qu'il reposait les pieds sur la barrière. Et il a prouvé ce soir-là qu'ils avaient raison de le repousser à chaque fois. Frustré de ne pas avoir été trouvé par le technicien que Rachid avait envoyé pour le chercher, il profite d'un moment d'inattention des vigiles pour bondir de la barrière de sécurité aux enceintes devant la scène. Un pas de plus et le voilà à sauter partout au milieu des musiciens, à embrasser Rachid... Il n'en fallait pas plus pour que ses potes s'enflamment, l'applaudissent, et, engaillardis par le succès de sa provocation, lancent à leur tour l'assaut. D'un coup, des gars se mettent à enjamber la barrière de tous les côtés aux dépens des vigiles impuissants pour contrer tout ce flux inattendu qui finit par débarquer sur scène à son tour...

Pour un peu, la soirée était prête à dégénérer. Heureusement, tout ce petit monde s'est calmé, et entre les efforts désespérés des vigiles et quelques mots de Rachid, tout le monde a regagné sa place pour finir le concert dans une ambiance encore un peu électrique. Mais le show doit continuer, et il ne me reste plus maintenant qu'à poursuivre ma mise en ligne de la deuxième moitié des photos...