On vous rappellera
Par Spica le Mercredi 04 juillet 2007, 09:14 - Entre nous - Lien permanent
Ce qu'il y a de bien, quand on bosse dans l'informatique, c'est que dès qu'on a un profil un minimum recherché, il est relativement facile de décrocher des entretiens[1]. Mais là où ça devient intéressant, c'est lorsqu'on n'est pas vraiment en situation de recherche d'emploi. Parce que finalement, quand on n'a pas le couteau sous la gorge, qu'on n'est pas acculé, obligé d'accepter la moindre proposition, on peut se permettre un certain détachement très appréciable.
C'est ce qui m'arrive en ce moment, parce que j'ai eu le malheur de répondre à un mail d'un site spécialisé dans la recherche d'emploi dans le domaine de l'informatique. J'avais laissé mon CV chez eux du temps où j'étais étudiant en recherche de stage (ah le bon vieux temps...), et tous les ans, ils prennent la liberté de me signaler que je leur manque et qu'ils apprécieraient un petit bonjour de ma part.
C'est donc plein de bonnes intentions et avec pour seul but de rassurer les gérants de ce site sur l'utilité de leur travail que je m'empresse à chaque fois d'aller cliquer sur un lien ou deux pour réactiver mon profil, repoussant la date d'expiration de mon CV à l'année suivante, non sans mettre à jour, si l'envie m'en prend, une ou deux informations sur mon compte.
Or, si les demandeurs d'emplois peuvent paramétrer des alertes automatiques lorsque des offres sont déposées sur le site, il est évident que les recruteurs font de même avec les profils des candidats potentiels. Et dès que je tente de sauvegarder mon CV à peine modifié, toute une clique de recruteurs sursautent dans leurs bureaux en voyant le mail fatidique tomber dans leur boîte aux lettre électronique.
Parce que sans être un oiseau rare, j'ai tout de même l'avantage d'avoir franchi la première période d'essai à laquelle se heurtent beaucoup de nouveaux diplômés : les deux premières années d'expérience. Ah, on s'est élevé contre les CPE/CNE l'année dernière, avec leur période d'essai de deux ans, mais pour tout nouvel arrivant sur le marché de l'emploi, l'absence d'expérience est toute aussi handicapante, sinon plus.
Bref, j'ai franchi ce cap l'année dernière, ce qui m'a fait passer dans le camps des gibiers convoités par les chasseurs de têtes en tout genre. Et les coups de fils ont donc commencé à s'enchaîner. Mais là, croyez-moi, on voit de tout.
Il y a celui qui est intéressé par votre profil, mais là, maintenant, tout de suite, immédiatement. Apprenant que vous avez une période de préavis à donner de trois mois, le voilà qui vous propose alors, avec un grand sourire, la solution miracle : "Très bien, vous n'avez qu'à poser votre démission, et je vous recontacte dans trois mois." Bien sûr mon coco. Tu crois que je vais lâcher mon job comme ça, sans garantie d'avoir quelque chose après ? Ben voyons.
Et puis il y a celui qui vous contacte parce qu'il lui semble que vous correspondez à ce qu'il recherche, mais qui vous donne surtout l'impression qu'il est en train de chercher à vous déstabiliser, voire même à vous culpabiliser. Après une brêve revue de vos compétences, il s'amuse à vous questionner jusqu'à cerner clairement vos aptitudes, en vous accusant presque de mentir sur votre CV (le genre à souligner que vous avez dit avoir entendu parler de tel outil alors que vous ne l'avez jamais utilisé...). Poursuivant son interrogatoire, il s'attend à ce que vous lui serviez tout prêt sur un plateau l'argument qui va vous faire choisir son annonce, et vous agresse parce qu'il n'a pas droit à une réponse claire. Alors là mon gars, faut qu'on revoit les bases de la négociation :
- C'est toi qui m'appelle pour me proposer quelque chose, donc c'est un peu à toi de mon convaincre que tu m'intéresses.
- Puisque je t'ai dit que je n'étais pas en recherche "active", pourquoi est-ce que tu t'attends à ce que je te fournisse une proposition clé en main, plus qu'à signer et le tour est joué ? C'est toi le RH dans l'affaire, alors fais preuve d'un peu de psychologie...
Il faut croire que certains ne supportent pas de ne pas avoir l'ascendant sur les candidats.
Et puis il y a ceux aussi qui vous convoquent à des entretiens et ne vous donnent plus de nouvelles alors qu'ils devaient vous rappeler la semaine qui suit. Ceux qui vous certifient qu'ils vont vous recontacter pour fixer un entretien et qui semble vous avoir oublié aussitôt raccroché...
Bref, c'est varié. Mais bon, dans tout ça, s'il y a une chose qui me plaît, c'est le fait de pouvoir jouer le jeu de l'entretien sans avoir à me prendre la tête. Ca permet de ne pas trop perdre la main sur ce genre d'exercice sans s'exposer à de gros risques. Après tout, tout ce qu'on risque, c'est d'avoir droit à une proposition qui mérite réflexion. Et puis comme je ne suis pas forcément très doué au niveau négociations, c'est un petit plus qui s'apprécie.
C'était le cas hier soir, alors j'ai décidé de profiter de cet avantage que j'avais. Exit le costume-cravate pour l'entretien, j'y suis allé en jeans-baskets (c'est pas que ça me dérange, je le fais d'habitude, mais là, j'ai décidé de jouer le rebelle, enfin on se comprend, hein...). Pas de préparation avant d'aller là-bas, arrivé sans avance (j'aurais pris du retard que ça ne m'aurait même pas dérangé), bref, j'ai débarqué en touriste. Même pas impressionné par le commercial en face, zéro stress, les conditions idéales, quoi. Et ça facilite les choses. On est beaucoup plus à l'aise pour se présenter, parler de ses compétences, des ses qualités, de ses attentes, et finalement faire une meilleure impression que si je m'étais pointé encravaté et tendu comme un... ressort.
Et puis finalement, hasard du calendrier, j'ai mon entretien annuel avec mon manager la semaine prochaine. Au moins, là aussi, j'aurais quelque chose dans la balance pour renégocier mon salaire...
Notes
[1] Je sais, c'est d'une évidence affligeante ce que je viens de dire...
Commentaires
C'est une bonne technique, en fait, faudrait que je fasse pareil, j'ai maintenant 3 ans d'experience dans differents domaines.
Sûr que si ton CV se présente sur un de ces sites, tu vas vite recevoir quelques coups de fils...
j'en suis au 18mois. et j'espère que tu as raison, mais un an de recherche d'emploi (plus divers soucis), le pire truc que j'ai eu à vivre c'était tous ces entretiens... aucun ne se ressemblait, j'avais l'impression de tomber dans des planètes qui n'étaient pas les miennes. là ou je bosse actuellement c'est le seul entretien où je me suis dit "punaise ils ont l'air normaux !!!" et j'ai été prise, et je ne le regrette pas, même si je suis consciente que c'est pas le job du siècle !
Personnellement, je n'ai pas eu passer beaucoup d'entretetien au début puisque j'ai été pris dans la boîte où j'ai fait mon stage de fin d'études. J'en ai passé quand je cherchais des stages, et puis chez des clients ensuite pour certaines missions, et heureusement, j'ai rarement croisé des martiens. Mais en tous cas, le cap des deux premières années d'expérience, ça fait une grosse différence.
Il ne faut pas non plus oublier que les recruteurs et autres cabinets du genre jouent beaucoup sur le stress du chercheur d'emploi qui n'a pas de boulot. Ils sont en position de force (eux, ils ont un boulot, et ils t'en font miroiter un) et s'autorisent des comportements ou des questions qui les feraient passer par la fenêtre dans d'autres situations.
D'où la satisfaction de pouvoir leur enlever cet avantage, et même de largement jouer là-dessus.
Nuits de Chine, je sais pas si ca marche, mais perso je n'ai pas cédé, mais ca m'a démollie... y a eu quelques entretiens où je n'ai pas compris comment j'ai réussi à retenir mes larmes jusqu'à la voiture tellement c'était humiliant... et j'avoue avoir du mal à me relancer dans cette machine là à cause de cela...
Même si tu ne "cèdes" pas devant eux, le fait que ça t'ait démolli prouve qu'ils atteignent leur but, qui est de te mettre la pression. Lorsque la machine est inversée, que c'est eux qui te contactent alors que tu n'es même pas obligé de leur accorder d'attention si tu n'en n'as pas envie, là, ça devient intéressant. Je peux t'assurer que le commercial en face de moi, il cherchait pas à m'enfoncer (ceux qui partent comme ça, je leur accorde même pas d'entretien), parce qu'il voyait bien que c'était à lui de me convaincre, et pas le contraire. Tu verras, ça fait du bien d'échanger les rôles.
En Belgique dans chaque société où j'ai bossé, j'ai engagé et viré du personnel. Et un truc à savoir, le recruteur est aussi stressé que vous, parce qu'il se plante, il se plante vis à vis de sa hiérarchie, et c'est sa place qui est donc en jeu.
En même temps, il a quand même un peu plus l'habitude.
j"ai mis un lien chez moi (merci maman) et je suis morte de rire, mais bizarrement, Spica, vu les discussions bizaroïdes que vous pouvez avoir à certains toulouse carnet pourraient peut être me dire si c'est possible ou pas, mais bon, les arguments ont intérêts à être lourds pour que je puisses y croire, même un tout petit peu ...
Là, moi, j'y crois pas une seconde...
ouf si tu me dis qu'elle à tort je te crois, mais bon elle m'a bien fait rire quand même
Enfin moi je trouve ça un peu gros quand même... Mais ça fait rire...
lucky you ! je pense que certains souhaiteraient être dans ton cas
Au moins, toi, t'as pas ce genre de "problèmes"...
Trop compliqué tout ça tu devrais te lancer professionnellement dans la photo, avec un associé si tu vois ce que je veux dire... A bon entendeur salut ... j'ai dit SALUT !!!
Je veux bien me lancer là-dedans avec un associé, mais seulement à temps partiel, les week-ends par exemple. :-p