Avez-vous déjà remarqué comme le seul fait de voir un képi se profiler à l'horizon pousse n'importe quel automobiliste à lever le pied ? Quelle que soit la vitesse à laquelle il roule, le conducteur a tendance à ralentir dès qu'il voit un agent au bord de la route, et même s'il est en dessous de la vitesse maximale autorisée. "La peur du gendarme." Pourquoi cela ? Après tout, quelqu'un qui respecte la limitation de vitesse n'a aucune raison de ralentir lorsqu'il croise un policier ou un gendarme. Pourtant cette réaction trahit ce qui se passe dans nos pensées : l'agent au bord de la route représente la justice, et notre conscience nous rappelle alors que notre conduite n'est pas parfaite. Je connais très peu de conducteurs (moins de un en fait) qui peuvent se vanter de n'avoir jamais enfreint une seule règle du code de la route. Et lorsque l'agent, qui symbolise la justice et le respect de la loi, nous apparaît, nous nous sentons instinctivement pris en défaut, vérifiant que nous ne risquons pas d'être sanctionnés cette fois-ci...

Cette réaction est totalement humaine. Ou du moins, elle l'est depuis qu'Adam et Eve ont transgressé l'ordre que Dieu leur avait donné. Avant l'arrivée du péché dans le monde, l'homme n'avait aucune raison de craindre un quelconque jugement, une quelconque punition. Alors que l'homme était encore innocent, il pouvait vivre sans crainte d'être repris. Mais cette crainte a envahi son coeur aussitôt après sa chute. A peine avaient-ils péché, qu'Adam et Eve se sont sentis coupables devant Dieu et ont voulu l'éviter. Leur conscience les accusait, tout comme la nôtre nous révèle nos propres fautes lorsque nous nous trouvons en présence de Dieu. Esaïe raconte cette expérience dans son chapitre 6 :

Esaïe 6
1 L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé, et les pans de sa robe remplissaient le temple.
2 Des séraphins se tenaient au-dessus de lui ; ils avaient chacun six ailes; deux dont ils se couvraient la face, deux dont ils se couvraient les pieds, et deux dont ils se servaient pour voler.
3 Ils criaient l’un à l’autre, et disaient : Saint, saint, saint est l’Eternel des armées ! Toute la terre est pleine de sa gloire !
4 Les portes furent ébranlées dans leurs fondements par la voix qui retentissait, et la maison se remplit de fumée.
5 Alors je dis: Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l’Eternel des armées.

Lorsque le prophète se trouva devant Dieu dans sa vision, sa première réaction n'a pas été une réaction d'admiration, de contemplation ou d'émerveillement. Non, Esaïe n'a pas eu le temps de s'émerveiller devant la majesté de Dieu parce qu'il s'est trouvé en présence du Dieu Saint par excellence, celui en qui il n'y a pas de ténèbres (1 Jean 1:5). Il s'est trouvé debout devant celui qui est pur, saint et juste, et sa conscience a immédiatement été interpellée. Devant la sainteté de Dieu, nous ne pouvons nous prévaloir de la moindre justice. Un peu plus loin, Esaïe déclare même que devant Lui, "nous sommes tous comme des impurs, et toute notre justice est comme un vêtement souillé" (Esaïe 64:6). Dieu lui-même a déclaré qu'aucun homme ne pouvait le voir et vivre (Ex 33:20). Pour cette raison même, Dieu a du dire au peuple d'Israël, alors qu'ils avançaient vers le pays promis : "je ne monterai point au milieu de toi, de peur que je ne te consume en chemin, car tu es un peuple au cou roide" (Ex 33:3). La sainteté de Dieu ne tolère pas le péché, et aucun pécheur ne peut subsister dans sa présence.

Aussi lorsque nous nous tenons devant celui qui est parfait, nous sommes immanquablement accusés par notre conscience. Deux possibilités s'offrent alors à nous. La première est celle du prophète : confondu par la sainteté de Dieu, il a confessé son péché. C'est une attitude d'humilité, de repentance. L'autre possibilité est celle que nous observons le plus souvent dans notre société : on cherche à se justifier. Puisqu'on ne tient pas la comparaison face à la loi parfaite de Dieu, on cherche à relativiser en comparant son péché à celui des autres. "Oui, j'ai menti ou j'ai volé, mais je ne suis pas un meurtrier !" ou encore "C'est vrai, j'ai commis tel délit, mais mon voisin, il fait pire !" On essaie de diminuer sa propre culpabilité en cherchant quelqu'un qui soit plus coupable que soi.

Mais la Bible dit que chacun rendra compte pour lui-même lorsqu'il passera devant Dieu. On n'a jamais entendu un avocat demander la clémence pour son client sous prétexte qu'un autre condamné s'en est tiré mieux que lui. Aussi bien devant la justice des hommes que devant celle de Dieu, les hommes sont jugés non pas selon les fautes des autres mais selon la loi. La loi sainte de Dieu est ce qui permet d'évaluer la culpabilité de chacun. Comme le dit Paul :

La loi est-elle péché ? Loin de là ! Mais je n’ai connu le péché que par la loi.
Romains 7:7

La loi est ce qui met en évidence notre péché. Nous ne pouvons apprécier l'ampleur de nos fautes en nous basant sur celles des autres, mais seulement en se basant sur la Parole de Dieu et sur les exigences qu'elle contient. Voilà pourquoi lorsque nous nous tenons devant Dieu, face à Sa loi, nous sommes tous condamnables. Et un coeur repentant est la seule façon d'obtenir la grâce de Dieu. Non pas parce que Dieu nous pardonne lorsque nous reconnaissons nos fautes, mais parce que le châtiment correspondant est déjà tombé sur quelqu'un d'autre. Nous savons que si nous nous repentons, et si nous acceptons le sacrifice de Jésus comme seul espoir de salut et de pardon, alors nous sommes justifiés devant Dieu :

Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ.
Romains 8:1

Ce ne sont pas nos mérites qui nous permettent d'entrer dans la présence de Dieu, mais ceux de Christ, qui s'est donné en rançon pour nous. Voilà aussi pourquoi une véritable expérience de la présence de Dieu commencera nécessairement par un temps de repentance. Plus nous nous approcherons de Dieu, et plus nous serons conscients de nos fautes, de ce qui peut encore entacher notre robe devant Dieu. Pour aller plus loin, nous devons alors passer par cette "tristesse selon Dieu produit une repentance à salut dont on ne se repent jamais" (2 Co 7:10).