Bon, j'en vois déjà qui s'insurgent contre ce titre, croyant que je cherche à améliorer mon référencement chez l'ami Google. Si ça peut vous rassurer (quoi que c'est pas sûr après tout), cette accroche est totalement justifiée. La tentation de jouer sur les mots en piochant principalement dans ce registre sémantique fut forte, mais tout bien considéré, le contenu de ce billet sera certainement suffisant, en lui-même, pour enrichir ma liste de mots-clés avec des termes simples, mais peu employés en public. Enfin ça dépend par qui, bien entendu, mais je pars de l'hypothèse que vous êtes aussi bien élevés que moi...

Bref, après ces mises en garde de rigueur, attaquons le vif du sujet : je voulais revenir aujourd'hui sur l'affaire Ted Haggard. Etant donné les commentaires que j'ai pu lire sur ce billet, certains semblent intéressés par mon opinion là-dessus et ont exprimé le souhait que je dévoile le fond de ma pensée, ce que je vais faire.

Ma première réaction, que j'exprimais dans ce post, était liée à celles que j'avais lues sur le net : tout d'abord une série de moqueries, tombant quasiment dans l'insulte vis-à-vis de ce pasteur hypocrite, puis de l'église ou des évangéliques d'une manière générale. Puis certains ont commencé à plaindre le pauvre homme, accablé par des sentiments de culpabilité à cause de la pression morale qu'il subissait et de l'intransigeance religieuse dans laquelle il avait vécu. Avec toutes ses convictions religieuses, il était incapable d'assumer son homosexualité et de faire un coming out en règle...

Et là, moi je dis : stop ! Ok, le délateur est un prostitué homosexuel. Mais sincèrement, je trouve ça secondaire. En ce qui me concerne, ce que je constate, c'est qu'un homme marié a trompé sa femme. Point. Je me fiche de savoir où, quand, comment ou avec qui. Et je trouve tout à fait normal qu'un homme dans cette situation se sente profondément coupable. Je dirais même : encore heureux.

Maintenant, il y a quelques autres détails qui m'interpellent. Notamment le fait que ce soit un pasteur bien en vue qui soit tombé aussi bas. Beaucoup (en particulier parmi les chrétiens) ont du être choqués au début comme je l'ai été, voire même ébranlés dans leur foi. C'est compréhensible. Mais cela me rappelle simplement que tout pasteur qu'il était, Ted n'est qu'un homme, faillible, imparfait et exposé aux chutes. Ca n'excuse pas son comportement, loin de là, mais ça veut simplement dire que tous ceux qui attendent la perfection de la part de qui que ce soit seront forcément déçus un jour ou l'autre (les plus fervents admirateurs de Zidane savent de quoi je parle).

Enfin, j'avoue que le sentiment qui m'habite aujourd'hui, finalement, c'est de la compassion. Tout d'abord pour son épouse, ses enfants, son église. Et pour lui aussi. Parce que je crois que j'ai une idée de ce qu'il ressent. Lune Les sentiments qu'il décrit, le désespoir de ne pas être capable de résister à ces choses que l'on réprouve, le dégoût de soi quand on cède encore une fois à la tentation, tout cela je l'ai vécu aussi.

Ca fait huit ans maintenant que je suis converti, c'est-à-dire que j'ai décidé personnellement de suivre Dieu. Mais jusqu'à un peu plus de deux ans en arrière, j'avais un lourd secret : je chutais régulièrement face aux tentations de la pornographie et de la masturbation. Ca avait commencé un peu avant l'adolescence, à cet âge où tous les garçons commencent à regarder les femmes d'un autre oeil. C'était les pages lingerie dans les catalogues de ma mère que je regardais en cachette, puis des magazines chez le marchand de journaux, jusqu'à ce que je m'enfonce totalement avec l'arrivée des ordinateurs et d'internet.

Avec les années, j'étais devenu dépendant, et je n'arrivais pas à tirer réellement un trait sur ce côté sombre de ma vie. Extérieurement, je donnais l'image d'un bon chrétien, gentil, respectable, mais à l'intérieur, je me sentais sale, hypocrite et désespéré. Jusqu'à ce qu'un jour, je tombe sur le site SettingCaptivesFree.com. Un site chrétien dont le but était justement d'aider les gens à vaincre ce genre de dépendances (dans le domaine de la sexualité, mais aussi de l'alcoolisme, de la cigarette, etc.).

Et que vous le croyiez ou non, ce qui m'a libéré, ce n'est pas une bonne séance de psychothérapie, mais la grâce de Dieu. Au travers de ce site, qui se présentait sous la forme d'un cours en ligne à faire en 60 jours, j'ai redécouvert le message de l'évangile. Lever de soleil J'ai réalisé combien j'étais pécheur devant Dieu, et à quel point il m'avait aimé pour vouloir me sauver quand même. J'ai connu une véritable repentance, c'est-à-dire que j'ai demandé pardon à Dieu de tout mon coeur, et pris cet engagement de me détourner de ce péché qui empoisonnait ma vie, et Dieu m'a aidé. Et finalement, j'ai pu me joindre à l'équipe du site pour aider les autres à expérimenter la même délivrance pendant plusieurs mois.

Depuis, j'ai pu voir que cette situation n'était pas rare parmi les chrétiens. Parce que ce sont des sujets tabous, personne n'ose en parler dans les églises, personne ne veut amener ces choses à la lumière. Mais le résultat, c'est que chacun reste lié dans son coin, à désespérer de cacher ce genre de double vie. C'est ce qu'à vécu Ted Haggard, jusqu'à ce que son péché finisse par s'étaler au grand jour. Et je prie aujourd'hui pour que Dieu restaure son couple, son foyer, son église, et qu'avec l'aide des pasteurs qui l'entourent, il puisse lui aussi vaincre son péché pour reprendre sa marche avec Dieu de plus belle.

Satan a peut-être atteint et fait tombé un homme de Dieu, mais il n'aura pas le dernier mot. Quelqu'un a dit que "l'expérience est un bon professeur, mais elle envoie des factures énormes". J'ose espérer que cette leçon tragique portera du fruit à la hauteur de son coût.