En me baladant dans les archives de Kozlika l'autre jour, j'ai trouvé ça. Un billet qu'elle avait récupéré chez Garfieldd et republié. Un billet touchant, avec une réflexion intéressante où il était question d'un certain mal-être qui peut s'exprimer sur internet, sur un blog et la réponse (ou absence de) qu'il peut y trouver. Un billet qui partait de faits divers tragiques : deux suicides, peut-être prévisibles, parce qu'annoncés à l'avance sur des blogs. Comme des appels au secours qui seraient restés sans écho. De grands cris dans le vide.

Ce qui m'a interpelé, c'est justement ça : cette idée des appels à l'aide qu'on peut lancer sans qu'ils soient entendus. Avec cette citation horrible de Desproges[1]. Ces maux que l'on tente de faire deviner parce qu'on n'ose pas les dire clairement. Ou auxquels personne ne fait attention quand on les proclame haut et fort. Et ça, ça ne peut pas me laisser indifférent.

En lisant ce billet, j'éprouvais le même malaise que celui que j'ai ressenti en regardant vite fait ma liste de mots-clés il y a quelques jours. Au milieu des requêtes bizarres ou tordues, ces quatre mots : "ma professeur me masturbe". Quel lecteur a pu s'égarer sur mon blog en tapant ces mots ? Peut-être un énième internaute en quête de contenus douteux. Mais et si... Et si...

Je ne le saurai problablement jamais. Si j'en crois les statistiques, ce freenaute a fait demi-tour aussitôt, sans s'attarder. Mais moi, je reste avec mes questions. Etait-ce simplement un adulte qui est reparti frustré de ne pas trouver de quoi assouvir ses fantasmes ? Etait-ce un enfant qui cherchait de l'aide ? Et si c'était le cas, est-ce que j'aurais pu l'aider ? Comment ? Tout ce que j'ai, c'est l'adresse IP de quelqu'un qui n'est jamais revenu.

Finalement, ce que j'ai pu constater, c'est que sur internet se croisent les névroses des uns et les déprimes des autres. Les victimes côtoient les bourreaux sans le savoir. Les uns cherchent des solutions à leurs problèmes, les autres essaient de les oublier. Les messages de désespoir se perdent au milieu des délires immatures, et ceux qui ont souffert n'arrivent pas toujours à faire entendre leur voix. Comme celui qui est arrivé ici il y a deux jours avec la triste requête : "je n'ai pas le moral je n'en peux plus marre de tout".

Et tout ce que j'arrive à en dire, c'est que ça me fait mal au coeur. Cette envie de les aider, de dire, faire quelque chose qui pourrait apporter une once de réconfort. Essuyer une larme sur leur joue. Les écouter. Et leur dire de ne pas perdre espoir. Tout peut encore changer...

Notes

[1] Ce n'est pas la citation elle-même qui est horrible, mais bien évidemment la situation révoltante qu'elle dénonce.