Du mal-être inavoué
Par Spica le Mardi 30 janvier 2007, 09:20 - Je pense donc j'écris - Lien permanent
En me baladant dans les archives de Kozlika l'autre jour, j'ai trouvé ça. Un billet qu'elle avait récupéré chez Garfieldd et republié. Un billet touchant, avec une réflexion intéressante où il était question d'un certain mal-être qui peut s'exprimer sur internet, sur un blog et la réponse (ou absence de) qu'il peut y trouver. Un billet qui partait de faits divers tragiques : deux suicides, peut-être prévisibles, parce qu'annoncés à l'avance sur des blogs. Comme des appels au secours qui seraient restés sans écho. De grands cris dans le vide.
Ce qui m'a interpelé, c'est justement ça : cette idée des appels à l'aide qu'on peut lancer sans qu'ils soient entendus. Avec cette citation horrible de Desproges[1]. Ces maux que l'on tente de faire deviner parce qu'on n'ose pas les dire clairement. Ou auxquels personne ne fait attention quand on les proclame haut et fort. Et ça, ça ne peut pas me laisser indifférent.
En lisant ce billet, j'éprouvais le même malaise que celui que j'ai ressenti en regardant vite fait ma liste de mots-clés il y a quelques jours. Au milieu des requêtes bizarres ou tordues, ces quatre mots : "ma professeur me masturbe". Quel lecteur a pu s'égarer sur mon blog en tapant ces mots ? Peut-être un énième internaute en quête de contenus douteux. Mais et si... Et si...
Je ne le saurai problablement jamais. Si j'en crois les statistiques, ce freenaute a fait demi-tour aussitôt, sans s'attarder. Mais moi, je reste avec mes questions. Etait-ce simplement un adulte qui est reparti frustré de ne pas trouver de quoi assouvir ses fantasmes ? Etait-ce un enfant qui cherchait de l'aide ? Et si c'était le cas, est-ce que j'aurais pu l'aider ? Comment ? Tout ce que j'ai, c'est l'adresse IP de quelqu'un qui n'est jamais revenu.
Finalement, ce que j'ai pu constater, c'est que sur internet se croisent les névroses des uns et les déprimes des autres. Les victimes côtoient les bourreaux sans le savoir. Les uns cherchent des solutions à leurs problèmes, les autres essaient de les oublier. Les messages de désespoir se perdent au milieu des délires immatures, et ceux qui ont souffert n'arrivent pas toujours à faire entendre leur voix. Comme celui qui est arrivé ici il y a deux jours avec la triste requête : "je n'ai pas le moral je n'en peux plus marre de tout".
Et tout ce que j'arrive à en dire, c'est que ça me fait mal au coeur. Cette envie de les aider, de dire, faire quelque chose qui pourrait apporter une once de réconfort. Essuyer une larme sur leur joue. Les écouter. Et leur dire de ne pas perdre espoir. Tout peut encore changer...
Notes
[1] Ce n'est pas la citation elle-même qui est horrible, mais bien évidemment la situation révoltante qu'elle dénonce.
Commentaires
Oui j'ai déjà ressenti ce genre de malaise notamment sur des blogs d'ado déprimés qui parlent de suicide (mais sans doute comme j'en aurais parlé à leur âge)... ou alors qui en parletn plus concrètement mais souvent, on reste silencieux, tout simplement parce qu'il y a trois options, on ne pense jamias que c'est réellement la plus simple: l'auteur est sincère, on préfère penser qu'il s'agit d'un mythomane ou de quelques essais d'ordre littéraire, un goût pour le romantisme, dans certains cas, un penchant gothique...
Mais de toute façon, dans tous les cas, souvent, il n'y a rien à dire ou rien à dire qui pourrait réellement appaiser ces personnes... les technologies ont leurs limites... et s'il fallait enquêter à chaque fois, disons que c'est une occupation à temps plein, bien sûr que ce serait utile, mais c'est infini... et il faut savoir s'y prendre...
Pour certains, le fait d'avoir quelques lecteurs qui les lisent et les encouragent peut les aider à surmonter le mal-être. mais comme tu le dis, c'est bien l'ampleur de la tâche qui m'impressionne...