Pluriel ou singulier ?

J'ai appris récemment que les fêtes de Pâques de la tradition catholique n'étaient finalement pas liées à la Pâque juive (Pessah). On le voit notamment dans le pluriel lorsqu'on parle de la fête romaine, avec ses cloches et ses lapins (et plus clairement dans le nom anglais de Easter, par opposition à passover). Il paraîtrait que, comme pour Noël, c'est une tentative de l'église catholique de récupérer à bon compte d'anciennes fêtes païennes en leur donnant une connotation chrétienne.

Tout comme les fêtes du solstice d'hiver ont été remplacées par une fête de la naissance de Jésus (qui n'est certainement pas né en hiver si on se fie aux textes...), les fêtes de l'équinoxe de printemps ont été remplacées par les fêtes de Pâques, qui seraient une commémoration de sa résurrection. Soit. Au moins, on est un peu plus proche au niveau calendrier, mais c'est là aussi devenu un grand cortège de traditions (avec la semaine sainte qui précède, etc.).

Mais alors puisque ces fêtes ne sont finalement plus liées à la Pâque juive (du moins pas directement), d'où venait celle-ci ? L'institution de la Pâque dans la Bible se trouve dans le livre de l'Exode, au chapitre 12. Dieu s'adresse au peuple d'Israël, encore esclave des Egyptiens. Moïse et Aaron ont déjà été a plusieurs reprises devant Pharaon pour lui demander de laisser partir les Hébreux, mais sans succès. Les menaces de plaies envoyées par Dieu et l'accomplissement des neufs premières (l'eau du fleuve changée en sang, les grenouilles, les poux, les mouches venimeuses, la mortalité dans les troupeaux, les ulcères, la grêle, les sauterelles et les ténèbres) n'avaient pas persuadé Pharaon, qui était revenu sur sa parole aussitôt les plaies passées.

Dieu annonce alors une dernière plaie, plus importante et plus grave que les premières : tous les premiers nés, parmi les hommes comme parmi les troupeaux, vont périr en une nuit. L'aîné de chaque famille mourra, à moins que la famille n'ait suivi ces instructions :

Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois. [...] Le dixième jour de ce mois, on prendra un agneau pour chaque famille, un agneau pour chaque maison. [...] Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour de ce mois; et toute l’assemblée d’Israël l’immolera entre les deux soirs. On prendra de son sang, et on en mettra sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte des maisons où on le mangera. [...] Quand vous le mangerez, vous aurez vos reins ceints, vos souliers aux pieds, et votre bâton à la main ; et vous le mangerez à la hâte. C’est la Pâque de l’Eternel. (Ex 12:2-11)

Le sacrifice d'un agneau sans défaut permettait ainsi à chaque famille d'éviter d'être frappée par cette dernière plaie. Mais cette fête, qui devait ensuite être perpétuée chaque année en souvenir de la délivrance du peuple d'Israël et de leur départ pour la Terre Promise, avait une haute signification prophétique.

C'est dans le Nouveau Testament que les apôtres ont expliqué que ce sacrifice annuel était une préfiguration d'un sacrifice plus parfait, qui devait avoir lieu environ 1500 ans plus tard : celui de Christ. Jean-Baptiste, le premier, a présenté Jésus comme "l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde" (Jean 1:29), et Paul, ensuite, a affirmé que "Christ, notre Pâque, a été immolé" (1 Co. 5:7).

Toute la portée symbolique de cette fête résidait dans le parallèle entre la situation des Hébreux, esclaves des Egyptiens, et la condition de tout homme, esclave du péché et incapable de s'en défaire seul. Tout comme le sacrifice de l'agneau a permis aux Hébreux d'éviter le châtiment de Dieu et de prendre un nouveau départ vers la liberté, le sacrifice de Christ permet à ceux qui l'acceptent d'être libérés de leur péché et de sa condamnation.

Alors aujourd'hui (quoi qu'avec un peu de retard, mais je ne pouvais pas poster avant), je souhaite à tous ceux qui le vivent une joyeuse Pâque, et aux autres, qu'ils puissent en faire l'expérience rapidement.