Sexe, politique et religion
Par Spica le Lundi 23 avril 2007, 09:21 - Questions existentielles - Lien permanent
Ce sont les trois sujets de discussion qu'il faut éviter au boulot. Enfin il paraît, d'après les collègues. Parce dans la pratique, ce sont aussi les trois qui reviennent le plus souvent... Pourquoi devoir éviter ces sujets-là ? Peut-être pour éviter le racolage (bizarre comme ce terme peut s'appliquer aux trois), la propagande, ou tout bonnement de choquer qui que ce soit, puisque ce sont surtout trois sujets considérés comme sensibles.
Alors maintenant, allez m'expliquer pourquoi tout le monde se précipite sur ces thèmes ? Peut-être par provocation, pour le plaisir de les tourner en dérision. Parce que finalement, la plupart du temps, les échanges se résument à des moqueries sur les candidats à l'élection en cours ou sur les déboires des gouvernants, des blagues vaseuses, à forte connotation sexiste sexuelle, ou des plaisanteries au dépens de telle ou telle croyance.
Ce qui ne fait que confirmer la raison pour laquelle on est censé éviter ces sujets : puisqu'on ne les traîte pratiquement que par la moquerie, on a d'autant plus de chance de choquer l'un ou l'autre. Bref, on en arrive à la question de l'équilibre entre la liberté d'expression et le respect.
Bon, je sais que cette formulation est déjà polémique en soi. Poser respect et liberté d'expression comme deux positions extrêmes entre lesquelles se situer. Comme si les deux devaient forcément s'opposer. Mais dans la pratique là encore, c'est ce que l'on constate : les censeurs veulent interdire le manque de respect et se font les apôtres de la tolérance, tandis que les défenseurs de la liberté d'expression se font une fierté de pouvoir provoquer les autres, en exigeant la tolérance des lecteurs. Mais alors, finalement, qui doit tolérer qui ?
Voilà un débat très intéressant, en somme, qui mériterait bien un petit fil de discussion, mais comme c'est aussi un sujet sensible, je crois que je vais fermer les commentaires sur ce billet pour éviter les débordements. Ou pas...
Commentaires
finalement, ça rejoint un peu le débat du "peut-on rire de tout?"... je crois qu'on a malheureusement tous nos limites. En théorie, on pronera tel ou tel point de vue, en pratique, y a toujours un truc qui va pas nous faire rire... après, si on doit gérer toutes les susceptibilités éventuelles, on ne peut plus rien dire... le tout est de savoir avec qui tu parles de quoi et comment... De toute façon, quel que soit le domaine (en tous cas pour la religion ou la politique) toute tentative de prosélytisme par le dialogue est forcément vaine... on convainc pas les gens avec des mots, c'est plus profond que ça, c'est pas une discussion qui va faire pencher les gens d'un côté ou de l'autre.... donc autant éviter cet aspect là... après peut-on dire ce que l'on pense sans que cela soit pris pour une tentative de convaincre? là encore, ça dépend de qui ça vient et à qui ça s'adresse...
Mais quelles limites faut-il prendre en compte ? Les siennes ou celles de l'interlocuteur ?
Ben dans la mesure où c'est toi qui parle et l'interlocuteur qui "subit"... celles de l'interlocuteur... (quand on les connaît...)... non?
Je pense que, s'il faut les éviter (et si tout le monte se précipite dessus), c'est parce qu'il s'agit de trois sujets très personnels, qui touchent vraiment à la sphère personnelle.
Ce sont trois sujets sensibles parce qu'ils touchent à l'identité, l'être. Et c'est bien parce qu'ils touchent à ce que nous sommes que nous éprouvons le besoin d'en parler, parce qu'on a besoin de parler ce que nous sommes, de "qui" nous sommes.
Mais dès lors que nous sommes tous différents, cela demande un certain savoir-faire, une capacité d'écoute et de mise à distance, pour savoir entendre l'autre dire "qui il est", au travers de ce qu'il dit, et non pas l'entendre nous nier si ce qu'il est est si éloigné de ce que nous sommes...
Voilà ce que j'aurais à en dire. Du méta, sans rentrer dans les sujets en question en fait.
tolérance et écoute. j'aime le partage de ce genre d'idées, même si elles sont contraires aux miennes. mais s'il n'y a pas écoute et respect, cela ne sert à rien....
Eponyme et Otir : Effectivement, ce qui rend ces sujets sensibles, c'est certainement le fait qu'ils soient personnels, qu'ils touchent nos convictions. C'est aussi pour ça qu'ils me semblent parfaits pour tester l'aptitude des gens à débattre sans se taper dessus...
Pour la question de savoir à quelle limite se fier, je remarque que Dragibus est plutôt du côté de la censure (on filtre ce qui est dit) tandis que Otir et Flo penchent plus du côté de la liberté d'expression (on filtre ce qu'on écoute)...
La censure dans certaines circonstances. Je veux dire par là que les médias peuvent dire ce qu'ils veulent, plaisanter sur ce qu'ils veulent. Quand par exemple je vois un sketch d'un sujet "sensible" pour moi, au pire du pire, il ne me fait pas rire, au mieux, il me fait dédramatiser la chose mais je ne me sens jamais blessée. Quand ça vient des proches c'est différent. C'est là que l'on peut prendre les mots que l'on juge déplacés pour des attaques personnelles. Je sais qu'avec S*cophante (ou toi d'ailleurs), je ne ferai jamais de plaisanterie douteuse sur la religion comme je pourrais en faire avec un non croyant. Je peux exprimer des réticences en argumentant mais tout en respectant les convictions. C'est pas vraiment de la censure, c'est simplement du respect. De la même manière S*cophante va parfois à l'Eglise mais ne cherche jamais à me convaincre, ne m'obligerait jamais à l'accompagner... de moi même l'autre jour, je lui avais proposé parce qu'il voulait déposer un cierge pour le voisin mais finalement on y a même pas été. Je crois comme le disait quelqu'un au dessus, que ça fait tout simplement partie de l'un des éléments de base de la vie sociale: s'ajuster à l'interlocuteur. Bien sûr, il y en a qui ne savent pas faire ça: les gros lourds et en principe ils le sont dans tous les domaines...
Même sans tomber dans la dérision, le simple partage des convictions (politiques, religieuses, etc.) choque facilement et nécessite une grande part de respect pour ne pas envenimer le débat. Soit en s'imposant de ne pas tout dire, soit en acceptant de tout entendre. Mais arriver à manier les deux à la fois quand le sujet nous tient à coeur est une vraie gageure...