Il y a des jours...
Par Spica le Jeudi 10 mai 2007, 09:22 - Entre nous - Lien permanent
Il y a des jours où j'ai envie de pleurer, mais les larmes ne viennent pas. Je sens à l'intérieur comme une envie d'exploser, et pourtant mes émotions restent figées dans l'apathie la plus totale.
Il y a des jours où j'ai envie de pleurer, mais je ne sais pas pourquoi. Quand je réfléchis à ce que je vis, je n'y trouve rien qui mérite réellement de me plaindre, comparé aux problèmes que rencontrent ceux qui m'entourent. Je me sens honteusement privilégié et coupable de ne pas en être satisfait.
Il y a des jours où j'ai envie de pleurer, mais je n'arrive pas à le montrer. A la place, je cache ma douleur derrière un masque mi-souriant, mi-pensif. Je me recroqueville un peu plus, je perds l'envie de répondre à qui que ce soit ou de me bouger pour rendre service. Alors je passe pour un associal, un égoïste et les remarques que j'entends ne font que m'enfoncer davantage.
Il y a des jours où j'ai envie de pleurer, mais je me sens trop seul pour ça. J'aimerais avoir un copain, une amie, quelqu'un pour m'écouter, une épaule sur laquelle poser ma tête et mes sanglots, mais je ne vois pas vers qui me tourner.
Il y a des jours où j'ai envie de pleurer, parce que je sais que les amis dont j'ai besoin sont là. C'est simplement moi qui les tiens à distance, qui ne leur dis rien, qui ne laisse pas transparaître le moindre indice, en me désolant de ce qu'ils ne se rendent compte de rien.
Il y a des jours où j'ai envie de pleurer, de crier même, mais je finis par chasser l'idée de le faire sur ce blog. Je n'ai pas l'envie d'écrire, ou plutôt de publier un billet triste et pathétique, qui m'attirera peut-être quelques commentaires d'encouragement, certes bien intentionnés, mais d'un éphémère réconfort. Des commentaires auxquels je ne saurai même pas quoi répondre.
Il y a des jours où j'ai envie de pleurer, mais je n'y arrive pas.
Commentaires
En tant que pleureuse presque professionnelle (ça doit m'arriver au moins une fois par mois... :), je confirme que ça soulage... c'est vrai qu'il est très agaçant de constater qu'objectivement, on a à peu près ce qu'on voudrait mais que subjectivement on se sent super mal... ça fait qu'on est en colère contre soi de ressentir ça et de ne pas savoir profiter de ce qu'on vit... mais je crois que tous les gens un peu sensibles connaissent ça, inutile de s'accabler davantage... Par contre, je pense effectivement que si tu te confiais, si tu pleurais un bon coup sur l'épaule de quelqu'un, ben, ça irait plus vite mieux... moi, dans c'est cas là, c'est direct môôôman ou maintenant plus souvent, Syc*phante qui savent me dire les choses banales qu'on a besoin d'entendre dans ces cas là... y a pas ta môôôôman dans le coin?
(...)
Pour toi, en espérant que ça puisse aussi te parler* même si c'est une prière issue d'une autre tradition que la tienne :
http://otir.site.voila.fr/healus.mp3
(La traduction du texte dans les commentaires du billet)
* parler à tes émotions pour les libérer, j'entends.
Merci. Je prendrai le temps de l'écouter ce soir.
pleurer une fois par jour. Accepter de pleurer et de consoler l'enfant en soi (c'est un truc de comportementaliste). Savoir aussi se confier parfois en direct à un ami ou un proche, ou même un inconnu. J'ai l'impression que c'est plus difficile pour les hommes que pour les femmes non ?
Le plus dur pour moi, c'est d'accepter de le faire, parce que c'est quand ça ne va pas que j'ai le plus besoin et le moins envie de me confier à qui que ce soit.
Non, toutes les femmes ne pleurent pas. Il m'est impossible de montrer ma détresse lorsque je suis au creux de la vague. Car en le faisant j'ai peur d'ouvrir une vanne et ne plus pouvoir m'arrêter...
Peut-être que c'est parce que toi aussi tu gardes cette vanne continuellement fermée qu'il y aurait autant à libérer.