Il y a des gens qui, lorsqu'ils s'intéressent à un sujet, s'impliquent dedans à fond et atteignent un niveau d'expertise impressionnant (parfois même dans plusieurs domaines différents). Et puis il y a moi.

Moi, je suis un amateur professionnel. Un peu touche-à-tout, j'aime bien découvrir de nouveaux trucs, apprendre, progresser dans toutes sortes de nouveaux domaines. Mais je reste toujours bloqué à ce niveau critique où les incultes et les autres débutants vous considèrent comme doué, alors que les experts vous jettent un regard condescendant, à mi-chemin entre "le pauvre, dire qu'il se croit doué" et "c'est bien pour un débutant, continue..."

Et c'est valable pour tout ce à quoi je touche. Que ce soit l'informatique, la musique, la photo, même ma vie spirituelle... Il y a ces périodes où je suis fier de moi en entendant les encouragements ou les compliments de certains qui, il faut bien le reconnaître, n'y entendent en fait pas grand-chose, ou trouvent cela bien comparé à leur propre niveau (pas forcément moins bon, mais du même ordre). Et puis il y a ces moments où je finis par me dire que non, j'ai beau essayer, je n'arrive à rien. J'ai l'impression de ne pas faire le moindre progrès, voire même de régresser, et je trouve que ce que je fais est ridicule comparé au travail de ceux que je considère comme vraiment doués.

Et ce qui est affreux dans ces moments-là, c'est la facilité avec lequel le négatif semble s'imposer par rapport au positif. Les critiques négatives semblent toutes justifiées, alors que les compliments paraissent venir, au mieux, de gens qui n'y connaissent rien, et au pire d'hypocrites. Bizarrement, en écrivant ça, ça me rappelle des trucs que j'avais entendus récemment par rapport aux personnes anorexiques qui se considèrent toujours comme trop grosses et ne croient même pas leurs proches qui leur disent qu'elles sont dangereusement maigres. Là aussi, ceux qui leur disent cela ne peuvent que leur mentir, ou être complètement à côté de la plaque. Seules sont dignes de confiance les voix qui demandent toujours moins de poids.

Alors je n'y connais rien en anorexie, mais est-ce que finalement, le problème, ce n'est finalement pas qu'une difficulté à s'accepter soit-même ? Bien sûr, je suis objectivement très loin d'avoir le niveau de batterie de certains copains, mais pourquoi m'apitoyer sur ça alors que j'arrive à prendre du plaisir en jouant sur un peu tous les styles de musique ? Pourquoi râler en comparant mes photos à celles de photographes professionnels, alors que j'en suis satisfait quand je feuillette mes albums virtuels ?

Apparemment, j'ai beaucoup de mal à ne pas voir dans les qualités des autres un défi pour moi. Un défi que je vais vouloir relever parfois, ou pour lequel je ne me sentirai pas à la hauteur avant même d'avoir essayé. Un problème d'orgueil sur lequel il faut que je travaille. Faire disparaître cette envie d'être meilleur ou ces regrets de ne pas y arriver pour être simplement moi. Et peut-être même ne plus porter attention aux regards que les autres posent sur moi, pour ne plus me laisser entraîner dans ce genre de pièges. Et aimer. Sans arrières pensées, sans crainte d'être incompris, sans désir de forcément plaire en retour. Aimer pour aimer. Parce que c'est ce qu'il y a de plus important au monde.

Maintenant donc ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance, l'amour ; mais la plus grande, c’est l'amour.
1 Co 13:13