Kurt : Il faut absolument qu'il retombe amoureux.

Ray : Certainement pas ! Tu veux sa mort ou quoi ?

Kurt : Non ! Non ! Au contraire. Je veux son bien. Et tu sais ce que c'est, d'être amoureux. Ne me dis pas que t'as oublié ?! L'excitation, l'attente fébrile, l'espoir, les rêves... Comment est-ce que ça pourrait être mauvais pour lui ?

Ray : Tomber amoureux à nouveau, tu sais ce que ça veut dire...

Kurt : Quoi ?

Ray : Ca veux dire une nouvelle déception. Ca veut dire qu'il va s'en prendre encore plein la figure le jour où il va réaliser que tous ces "rêves", tous ces "espoirs" n'ont pas plus de chances d'aboutir que les fois précédentes.

Kurt : Qu'est-ce que t'en sais ? Ca veut rien dire ! Tu sais même pas de qui il pourrait tomber amoureux ?! Peut-être que cette fois...

Ray : Non ! Tu as vu ce qui s'est passé les fois précédentes. Même lorsque tes soit-disant rêves étaient si prêts de se réaliser, ils ont tous explosé en plein vol au moment où il y croyait le plus.

Kurt : Mais...

Ray : Non ! Tu sais très bien que si ça arrivait, il aurait encore moins de chances aujourd'hui de savoir gérer ça qu'il en eu les autres fois. S'il n'a pas su s'en sortir quand il allait bien, comment veux-tu qu'il fasse aujourd'hui ? Je ne suis même pas sûr qu'il soit encore capable de rêver comme tu dis. Tomber amoureux aujourd'hui, ça serait le faire plonger avant même qu'il ait eu le temps de s'imaginer quoi que ce soit.

Kurt : Mais pourquoi t'es aussi pessimiste ? Il y a toujours un espoir. Toujours une chance.

Ray : Moi je n'y suis pour rien. C'est toi le fautif. Tu l'as laissé se faire des films. Tu l'as laissé croire des choses. Tu lui as fait croire des choses. Et il t'a fait confiance. Il a cru tous tes délires, même lorsqu'ils ne tenaient absolument pas la route. Il a passé son temps à se convaincre que tu avais des arguments valables. Il a suivi tes conseils, il t'a même laissé les commandes par moment. Il a foncé tête baissée là où tu le guidais, il a cru en toi, et toi, tu l'as envoyé dans le mur.

Kurt : Mais... Je... J'y croyais moi, j'étais sincère. Je voulais l'aider.

Ray : Je le sais. Et il le sait lui aussi, c'est bien pour ça qu'il ne t'en veut pas. Mais tu dois accepter le fait qu'il n'est pas fait pour ça. Il ne sait pas le gérer. On n'est pas à Hollywood. Les filles ne craquent pas pour les gars transparents. Elles ne courent pas après les introvertis. Elles ne remarquent pas ceux qui se cachent pour ne pas faire de vagues. Il n'y a qu'à la télé que ça arrive. Peut-être que les scénaristes essaient de compenser leur frustrations, en faisant jouer aux acteurs ce qui ne leur est jamais arrivé.

Kurt : Tu deviens cynique, ma parole ! Qu'est-ce qui t'es arrivé ?

Ray : Non, je ne suis pas cynique. Simplement je vous ai regardé faire pendant longtemps. J'ai observé votre manège sans pouvoir intervenir. Vous n'avez jamais voulu écouter mes conseils plus de 15 secondes. Et à chaque fois, il est revenu en pleurs, en se demandant pourquoi il n'avait toujours pas assimilé la leçon.

Kurt : Peut-être que tu as raison. Peut-être...

Ray : On ne m'appelle pas la Raison pour rien.

Kurt : Effectivement. Mais certaines fois, j'ai quand même envie de croire que tu as tord.

D'après Pascal et François.