Jésus était-il Dieu ? (5)
Par Spica le Mercredi 02 mars 2011, 21:42 - Je pense donc j'écris - Lien permanent
Enfin pour conclure cette série, intéressons-nous à la façon dont les apôtres l'ont présenté eux-même dans leurs écrits. Après avoir vu les témoignages directs, voyons maintenant ce qui se dégage de leur enseignement. Tout comme dans les conversations rapportées dans les évangiles, les apôtres appellent Jésus le Christ, le Messie... nous avons déjà vu tout ce que cela implique concernant sa divinité. Voyons donc les autres éléments qui viennent s'y ajouter.
Il sera utile pour commencer d'examiner certaines des expressions qu'ils utilisent pour désigner Jésus. La première, et l'une des plus commune après "Christ", c'est l’appellation "le Seigneur". Pour un juif, cette appellation n'est pas anodine : lors de la lecture de la loi, les juifs ne se permettent pas de prononcer à voix haute le nom de Dieu, qu'ils considèrent comme trop saint pour les lèvres impures des hommes, mais ils le remplacent généralement à l'oral par le terme "Seigneur" (Adonaï en hébreu, qui n'est attribué qu'à Dieu, et traduit par κυριος/kurios, dans la Septante, la traduction grecque de l'Ancien Testament qui est souvent citée par les apôtres). C'est ce titre, qui apparaît aussi de nombreuses fois par écrit dans les textes sacrés comme un des noms de Dieu, qui est désormais associé à Jésus.
C’est pourquoi je vous déclare que nul, s’il parle par l’Esprit de Dieu, ne dit : Jésus est anathème ! et que nul ne peut dire : Jésus est le Seigneur ! si ce n’est par le Saint-Esprit.
1 Cor 12:3
L'autre nom singulier qui lui est associé (et que Jésus s'octroie aussi lui-même), c'est "Fils de Dieu". Mais alors qu'il est parfois parlé des "fils de Dieu" pour désigner des hommes dans les Ecritures, ici, le terme est souvent complété en "Fils Unique" (μονογενους υιου) de Dieu . Ce titre exclusif que reçoit Christ traduit à la fois sa condition unique par rapport à rapport au reste de la création et son essence purement divine.
Celui qui croit en lui n'est point jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Jean 3:18
Attardons-nous maintenant plus précisément sur les enseignements laissés par les apôtres. Commençons par Jean. L'introduction de son évangile est l'un des passages les plus parlant concernant la nature divine de Christ.
Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. (...) Elle est venue chez les siens, et les siens ne l'ont point reçue. Mais à tous ceux qui l'ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu. Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père. Jean Jean-Baptiste lui a rendu témoignage, et s'est écrié: C'est celui dont j'ai dit: Celui qui vient après moi m'a précédé, car il était avant moi.
Au travers de ces versets, Jean (l'évangéliste) présente celui dont il va être question dans son livre. C'est celui que Jean-Baptiste a précédé pour lui "préparer le chemin", c'est-à-dire Jésus. Ces versets montrent clairement que la Parole faite chair dont il est question est bien le Christ, envoyé vers les siens qui ne l'ont pas reçu, qui a habité parmi nous et dont nous avons contemplé la gloire, "gloire du Fils unique venu du Père". Et que dit Jean dans son tout premier verset ? Que cette parole était non seulement avec Dieu, mais "elle était Dieu" elle-même. Ce chapitre à lui tout seul devrait suffire à démontrer à tous ceux qui affirment que Jésus n'a été divinisé par les chrétiens que longtemps après sa venue que même Jean, l'un de ses plus proches amis, de ceux qui l'ont côtoyé de plus près et l'ont connu mieux que personne, n'y va pas par quatre chemins : Jésus était la Parole de Dieu incarnée et il était Dieu, venu vers les hommes pour mourir pour eux et leur offrir son pardon.
Après Jean, intéressons-nous au cas de l'apôtre Paul. Celui qui a écrit à lui tout seul la majeure partie du Nouveau Testament et qui a expliqué en long en large et en travers les éléments de sa théologie a bien du laisser quelques indices pour vérifier s'il partageait ce point de vue.
Dans Actes 20:28, s'adressant aux anciens d'Ephèse, il leur donne le conseil suivant :
Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau au sein duquel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour faire paître l’Eglise de Dieu [εκκλησιαν του θεου], qu’il s’est acquise par son propre sang.
Dans ses adieux à l'église d'Ephèse, tels que rapportés par Luc, Paul déclare donc que c'est Dieu qui s'est acquis l’Église par son propre sang : le sacrifice de Christ, c'était le sacrifice de Dieu pour ceux qui croiraient en lui et formeraient son Église.
Lorsqu'ils s'adressent aux Romains et leur partage la tristesse qui habite son cœur à cause de ses compatriotes qui rejettent Christ, il a ce commentaire sans équivoque :
[à propos de ses compatriotes, Israélites] de qui est issu, selon la chair, le Christ, qui est au-dessus de toutes choses, Dieu béni éternellement. Amen !
Rom 9:5
Ici, Paul appelle Christ : "Dieu béni éternellement". A-t-on besoin de preuves supplémentaires ? Allons voir ce qu'ils dit aux Philippiens :
[Jésus-Christ], existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu
Phil 2:6
Là, il affirme qu'avant même sa venue sous forme humaine, avant même de revêtir notre humanité, Jésus existait déjà sous la forme divine, était l'égal de Dieu. Aux Colossiens, il rappelle qu'il est l'image visible du Dieu invisible, celui qui a tout créé :
Il est l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui.
Col 1:15-16
et encore :
Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité.
Col 2:9
Enfin on pourra aussi citer son épître à Tite où il affirme :
... en attendant la bienheureuse espérance et la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur le Christ Jésus
Tite 2:13
S'il y a une chose qui ressort clairement de tous ces versets, c'est que dans les enseignements de Paul, la divinité de Jésus ne fait aucun doute. Jésus-Christ a un statut qui le démarque de tout autre, il est de nature pleinement divine et Paul l'identifie au Créateur de toutes choses. Là, encore, on pourra rappeler à ceux qui veulent le rabaisser au statut de "dieu" avec un d minuscule, par opposition à Dieu, le Tout-Puissant, que dans l'esprit de Paul, pharisien et expert de la loi, la possibilité de plusieurs dieux n'est pas concevable et qu'il n'y a qu'un seul Dieu créateur.
Pour terminer, l'auteur de l'épître aux Hébreux donne lui aussi un certain nombres d'indices qui montrent qu'il partage la même vision. Dès les premiers versets, il affirme que le Fils a la même essence divine que celui qui l'a envoyé :
« Dieu nous a parlé par le Fils. [...] Ce Fils, qui est le rayonnement de sa gloire et l’expression de son être [littéralement "le caractère, l'empreinte de sa substance"], soutient toutes choses par sa parole puissante... Heb 1:2-3
Il continue ensuite en soulignant que Christ a une situation supérieure à celle des anges qui le démarque particulièrement des créatures célestes les plus élevées, lesquelles doivent même l'adorer :
Car auquel des anges Dieu a-t-il jamais dit: Tu es mon Fils, Je t'ai engendré aujourd'hui ? Et encore: Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils ? Et lorsqu'il introduit de nouveau dans le monde le premier-né, il dit: Que tous les anges de Dieu l'adorent !
Heb 1:5-6
Et en continuant de citer des textes plus anciens, il rapporte les paroles du Père au Fils, qui l'appelle Dieu :
Mais il a dit au Fils: Ton trône, ô Dieu, est éternel; Le sceptre de ton règne est un sceptre d'équité; Tu as aimé la justice, et tu as haï l'iniquité; C'est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t'a oint D'une huile de joie au-dessus de tes égaux. Et encore: Toi, Seigneur, tu as au commencement fondé la terre, Et les cieux sont l'ouvrage de tes mains;
Heb 1:8-10
Bref tout comme l'évangile de Jean qui commence par un exposé de la nature divine de Christ, l’épître aux Hébreux débute par le même genre de considérations.
En conclusion, ce qui ressort de tous ces passages, c'est qu'une même conception de la nature de Christ était partagée par tous les apôtres et les contemporains de Christ : pour eux, il était le Seigneur, le Fils Unique de Dieu, la pleine expression de l'essence divine, venue sous forme humaine pour se donner en sacrifice et sauver son peuple. Et c'est parce qu'il a cumulé à la fois les deux natures humaine et divine qu'il est le seul à même d'assurer parfaitement le rôle de médiateur entre Dieu et les hommes.