Alors, qui était là, dimanche après-midi ? Comment ça, où ça ? Mais là, voyons ! Bon, pour les malchanceux qui résident au-delà de nos frontières, je peux comprendre votre absence. Mais les autres, quelle excuse aviez-vous pour ne pas venir ? J'attends...
Soit, je veux bien vous résumer l'événement, mais sans bande son, laissez-moi vous dire que vous avez tout raté !
Reprenons donc au début : qu'est-ce donc que cette Promenade des artistes ? C'était tout un parcours préparé avec amour par quelques jeunes toulousains dynamiques, composé de plusieurs étapes artistiques disséminées un peu partout dans le Jardin des plantes. Sous un magnifique soleil, plusieurs guides se sont relayés pour conduire les curieux toutes les demi-heures d'un stand à l'autre.
La visite commençait doucement sous les arbres. Cachées parmis les buissons, les Pintades chantaient. Oui, c'est le nom du groupe. Je ne me serais jamais permis... Pour qui me prenez-vous, voyons ? Ce gracieux quatuor interprétait a capella quelques ballades rafraîchissantes pour mettre les spectateurs dans l'ambiance.
A l'étape suivante, un duo de charme emportait les auditeurs fascinés dans une formidable odyssée mélodique. En quelques morceaux bien choisis, les sons du violon et de l'alto portaient le public de Mozart à Bartock, en passant par Bach, pour terminer sur les accords jazzy de Django Reinhardt.
En contrebas, on défiait les lois de la gravité avec des bouts de ficelle. Les jongleurs enchaînaient les figures, les diabolos volaient devant la cascade, et le chemin se poursuivait jusqu'à la tanière d'un conteur qui démontra à chacun que l'argent ne fait le bonheur que lorsqu'on peut le dépenser et qu'il s'agit de celui des autres.
Un peu plus loin, les Optimistes espèraient réparer leur radeau pour reprendre leur tour du monde. Mais en attendant, ils distrayaient les passants avec des airs empruntés aux Wriggles. Tantôt légères, tantôt tristes, parfois très engagées, les paroles étaient un vrai régal. Les chorégraphies aussi.
Ne restaient plus ensuite que deux étapes. Tout d'abord une table autour de laquelle s'afféraient quelques magiciens. Les illusionnistes rivalisaient de talent pour prouver que même lorsqu'on a une idée des astuces qu'ils utilisent, ils savent toujours surprendre avec un autre tour de passe-passe, en détournant l'attention des manipulations cruciales...
Enfin la promenade s'achevait par un groupe de danseurs qui sautaient joyeusement au son des djembés. Il vous semble en reconnaître ? C'est normal, c'étaient les mêmes ou presque.
Pendant quatre heures, les artistes ont fait leur show, devant des groupes de curieux toujours plus importants. A chaque stand, la foule grossissait, faisant de cet après-midi un véritable succès. Et sitôt le dernier groupe arrivé, il était temps de passer du côté de la scène, où quatre groupes devaient se relayer.
La première formation était un groupe de chanteurs a capella du nom de MaNiAnA. Sous un ciel qui se faisait menaçant, ils osèrent chanter que "La pluie fait des claquettes", comme pour inviter les nuages à retenir leurs ondées.
Mais c'est la troupe de la comédie musicale Michel Klaxonne qui dut finalement affronter les premières gouttes, sur des airs du Roi de la pop. Là encore, vous vous dîtes que la tête du chanteur ne vous est pas inconnue ? Vous avez parfaitement raison, je vous l'ai déjà présenté.
Bien que la qualité soit au rendez-vous, les gouttes ont commencé à se faire plus fréquentes. Et sans chapiteau ni tenture, la perspective d'une averse s'avérait critique. C'est donc avec la menace d'une fin de concert prématuré qu'ils passèrent la main à Agato. Ce quatuor vocal formidable a alors fait preuve d'un stoïcisme à toute épreuve pendant que les techniciens déployaient force bâches derrière eux pour couvrir la scène et le reste du matériel. Mais l'insistance du mauvais temps a finit par contraindre les organisateurs à raccourcir la soirée. Dans un dernier élan de courage, les quatre chanteurs sont finalement descendus de la scène pour terminer leur performance sans micros, debout sur les chaises avec le public.
Bravant les éléments déchaînés, Agato a résisté jusqu'au bout de leur répertoire pendant que le reste de l'équipe démontait et rangeait, la mort dans l'âme, la sono et les instruments. Comble de l'ironie, la pluie a capitulé la première, mais trop tard pour permettre au dernier groupe de jouer. Enfin bon, avec pareil nom, ils ne pouvaient que prendre avec beaucoup de philosophie ce triste dénouement.