En relisant le Psaume 18 récemment, l'idée que ce psaume refermait plus qu'un (magnifique) cantique de délivrance m'a traversé l'esprit. Une première lecture de ce psaume nous révèle la profondeur de l'intimité de David avec son Dieu, ainsi que son humilité. On y voit aussi à quel point David s'attend à Dieu, n'espérant d'autre secours que celui qui vient de l'Eternel. Avec des mots chargés de reconnaissance et d'amour, David nous présente toute la grandeur, la puissance et la magnificence du Très-Haut.

Mais de mon point de vue, j'y vois aussi une autre dimension : celle d'une image prophétique de la croix. Au travers des paroles de David, on peut discerner la prière de Christ lorsqu'Il a traversé l'épreuve suprême du sacrifice. Après vérification, il semblerait même que Spurgeon soit d'accord avec moi : selon lui, le lecteur n'aura aucun mal à reconnaître Jésus dans ces vers, à y lire ses peines, sa délivrance et son triomphe ("If it be remembered that the second and the forty-ninth verses are both quoted in the New Testament (Heb 2:13 Ro 15:9) as the words of the Lord Jesus, it will be clear that a greater than David is here. Reader, you will not need our aid in this respect; if you know Jesus you will readily find him in his sorrows, deliverance, and triumphs all through this wonderful psalm." C. H. Spurgeon, Treasury of David). Pour preuve, les deuxième et quarante-neuvième vers, cités dans le Nouveau Testament, sont en effet attribués à Jésus comme ses propres paroles (cf. Héb 2:13 et Rom 15:9).

Alors que je ne l'avais jamais remarqué auparavant, c'est l'aspect qui m'a le plus frappé cette fois-ci, et c'est celui que j'aimerais creuser ici. Outre la beauté de ce psaume, je voudrais m'attarder sur le message de la Croix qui se cache derrière ces paroles de David.

1 Au chef des chantres. Du serviteur de l’Eternel, de David, qui adressa à l’Eternel les paroles de ce cantique, lorsque l’Eternel l’eut délivré de la main de tous ses ennemis et de la main de Saül. Il dit : Je t’aime, ô Eternel, ma force !
2 Eternel, mon rocher, ma forteresse, mon libérateur ! Mon Dieu, mon rocher, où je trouve un abri ! Mon bouclier, la force qui me sauve, ma haute retraite !
3 Je m’écrie: Loué soit l’Eternel ! Et je suis délivré de mes ennemis.

Cette première partie du psaume peut être vue comme une préface. Elle nous donne l'idée générale du psaume, en exprimant à la fois l'espoir et la reconnaissance de David envers Dieu. Etant donné que David est ici un type de Christ, on pourra donc appliquer à Jésus les remarques concernant l'auteur. L'humilité de David ou de Christ est donc visible dès le premier vers : ne faisant aucun cas de son statut royal, Il se présente comme un serviteur de Dieu. Cela peut nous rappeler Héb 10:5-7, où l'auteur cite les paroles de Jésus dans le Psaume 40 : "Voici, je viens (dans le rouleau du livre il est question de moi) pour faire, ô Dieu, ta volonté."

Les versets 4 et 5 nous amènent ensuite directement au pied de la croix :

4 Les liens de la mort m’avaient environné, et les torrents de la destruction m’avaient épouvanté;
5 Les liens du sépulcre m’avaient entouré, les filets de la mort m’avaient surpris.

On peut voir ici Jésus à l'heure de la mort : après des heures d'agonie, le voilà expirant sur le Calvaire. Il est finalement descendu du bois et mis au sépulcre. Après une vie exemplaire, le voilà apparemment vaincu par la mort. Mais le verset suivant nous rappelle la dimension éphémère de cette mort :

6 Dans ma détresse, j’ai invoqué l’Eternel, j’ai crié à mon Dieu ; de son palais, il a entendu ma voix, et mon cri est parvenu devant lui à ses oreilles.

La prière intense de Jésus au jardin de Gethsémané n'est pas restée sans réponse : Dieu a permis que Son Fils soit crucifié, mais Son appel au secours a été entendu. Bien sûr, Dieu ne pouvait Lui épargner la mort, puisque c'est par elle qu'Il payait le prix de notre rachat. Mais aussitôt Sa mission accomplie, Dieu est intervenu pour Le relever.

7 La terre fut ébranlée et trembla, les fondements des montagnes frémirent, et ils furent ébranlés, parce qu’il était irrité.
8 Il s’élevait de la fumée dans ses narines, et un feu dévorant sortait de sa bouche: il en jaillissait des charbons embrasés.
9 Il abaissa les cieux, et il descendit : il y avait une épaisse nuée sous ses pieds.
10 Il était monté sur un chérubin, et il volait, il planait sur les ailes du vent.
11 Il faisait des ténèbres sa retraite, sa tente autour de lui, il était enveloppé des eaux obscures et de sombres nuages.
12 De la splendeur qui le précédait s’échappaient les nuées, lançant de la grêle et des charbons de feu.
13 L’Eternel tonna dans les cieux, le Très-Haut fit retentir sa voix, avec la grêle et les charbons de feu.
14 Il lança ses flèches et dispersa mes ennemis, il multiplia les coups de la foudre et les mit en déroute.
15 Le lit des eaux apparut, les fondements du monde furent découverts, par ta menace, ô Eternel! Par le bruit du souffle de tes narines.

Ici, nous avons la description de cette intervention divine. Avec des mots bien limités, puisque humains, le psalmiste nous retranscrit l'intervention surnaturelle de Dieu. On le voit ici entouré de gloire et de majesté. L'obscurité qui l'entoure, les tremblements de terre, la terre complètement bouleversée, tous ces éléments ne peuvent que nous rappeler les événements qui se sont produits lors de la crucifixion de Jésus, mais aussi de sa résurrection (Matth 27:45,51, 28:2-4).

16 Il étendit sa main d’en haut, il me saisit, il me retira des grandes eaux ;
17 Il me délivra de mon adversaire puissant, de mes ennemis qui étaient plus forts que moi.
18 Ils m’avaient surpris au jour de ma détresse ; mais l’Eternel fut mon appui.
19 Il m’a mis au large, il m’a sauvé, parce qu’il m’aime.

Ainsi, dans une démonstration de puissance, Dieu délivré Son serviteur. Il a vaincu les liens de la mort, de l'ennemi ultime (1 Co 15:26). Dans Son amour, l'Eternel, le Roi de gloire a pu étendre Sa main et relever Son Fils.

20 L’Eternel m’a traité selon ma droiture, il m’a rendu selon la pureté de mes mains;
21 Car j’ai observé les voies de l’Eternel, et je n’ai point été coupable envers mon Dieu.
22 Toutes ses ordonnances ont été devant moi, et je ne me suis point écarté de ses lois.
23 J’ai été sans reproche envers lui, et je me suis tenu en garde contre mon iniquité.
24 Aussi l’Eternel m’a rendu selon ma droiture, selon la pureté de mes mains devant ses yeux.
25 Avec celui qui est bon tu te montres bon, avec l’homme droit tu agis selon la droiture,
26 Avec celui qui est pur tu te montres pur, et avec le pervers tu agis selon sa perversité.
27 Tu sauves le peuple qui s’humilie, et tu abaisses les regards hautains.
28 Oui, tu fais briller ma lumière; l’Eternel, mon Dieu, éclaire mes ténèbres.

Comme dans de nombreux passages messianiques, il nous est fait mention ici de la justice de Christ : bien qu'Il ait été tenté en toutes choses comme nous (Héb 4:15), Il est resté pur, sans péché, au-dessus de tout reproche. C'est à juste titre qu'Il peut dire : "je n'ai point été coupable", "j'ai été sans reproche", etc. C'est au travers de Sa justice, Sa droiture, que nous pouvons aujourd'hui nous approcher de Dieu. C'est parce que Sa conduite a été totalement pure que Son sacrifice a une telle valeur devant Dieu. Une valeur suffisante pour racheter du péché tous ceux qui se confieraient en Lui.

29 Avec toi je me précipite sur une troupe en armes, avec mon Dieu je franchis une muraille.
30 Les voies de Dieu sont parfaites, la parole de l’Eternel est éprouvée ; il est un bouclier pour tous ceux qui se confient en lui.
31 Car qui est Dieu, si ce n’est l’Eternel ; et qui est un rocher, si ce n’est notre Dieu ?
32 C’est Dieu qui me ceint de force, et qui me conduit dans la voie droite.
33 Il rend mes pieds semblables à ceux des biches, et il me place sur mes lieux élevés.
34 Il exerce mes mains au combat, et mes bras tendent l’arc d’airain.
35 Tu me donnes le bouclier de ton salut, ta droite me soutient, et je deviens grand par ta bonté.
36 Tu élargis le chemin sous mes pas, et mes pieds ne chancellent point.

Ces versets nous montrent ensuite comment Dieu a rétabli le Messie dans toute Sa gloire et Sa grandeur. Soutenu par le Tout-Puissant, Christ a repris Sa place : Sa force et Sa puissance lui sont rendues, Il est redevenu le rocher inébranlable sur lequel chacun doit construire (Matth 7:24-27 ; 1 Co 3:11).

37 Je poursuis mes ennemis, je les atteins, et je ne reviens pas avant de les avoir anéantis.
38 Je les brise, et ils ne peuvent se relever; ils tombent sous mes pieds.
39 Tu me ceins de force pour le combat, tu fais plier sous moi mes adversaires.
40 Tu fais tourner le dos à mes ennemis devant moi, et j’extermine ceux qui me haïssent.
41 Ils crient, et personne pour les sauver ! Ils crient à l’Eternel, et il ne leur répond pas !
42 Je les broie comme la poussière qu’emporte le vent, je les foule comme la boue des rues.
43 Tu me délivres des dissensions du peuple; tu me mets à la tête des nations ; un peuple que je ne connaissais pas m’est asservi.
44 Ils m'obéissent au premier ordre, les fils de l’étranger me flattent;
45 Les fils de l’étranger sont en défaillance, ils tremblent hors de leurs forteresses.

Rétabli dans Sa gloire, Il est le Vainqueur des nations. Toute autorité lui est rendue sur la terre entière, et tous ses ennemis sont vaincus. Cela peut nous rappeler les paroles de l'apôtre Paul, annonçant le retour du Seigneur : "Ensuite viendra la fin, quand il remettra le royaume à celui qui est Dieu et Père, après avoir détruit toute domination, toute autorité et toute puissance" (1 Corinthiens 15:24). Ces versets nous parlent aussi d'un nouveau peuple, qui Lui obéit : comme dans Esaïe 28:11, il est ici question de l'Eglise, ce peuple de sacrificateurs que Dieu s'est acquis au prix de son sang (2 Corinthiens 6:16, Tite 2:14).

46 Vive l’Eternel, et béni soit mon rocher ! Que le Dieu de mon salut soit exalté,
47 Le Dieu qui est mon vengeur, qui m’assujettit les peuples,
48 Qui me délivre de mes ennemis ! Tu m’élèves au-dessus de mes adversaires, tu me sauves de l’homme violent.
49 C’est pourquoi je te louerai parmi les nations, ô Eternel ! et je chanterai à la gloire de ton nom.
50 Il accorde de grandes délivrances à son roi, et il fait miséricorde à son oint, à David, et à sa postérité, pour toujours.

En conclusion de ce psaume, le psalmiste nous ramène au thème présenté dans la préface : la louange adressée au Dieu de la délivrance. Mais contrairement à la première phrase, dans laquelle il était fait mention de David comme du "serviteur de Dieu", il est ici présenté comme le Roi établi par Dieu, son Oint, et la mention de sa postérité éternelle ne peut prêter à confusion : il était bien question de Jésus-Christ dans ce passage, le Fils de David (Matth 20:30...), le Roi éternel, l'Oint de Dieu (Esaïe 61:1).