Alors Ghusse voulait en savoir plus sur les conditions de prise de vue de la photo du post d'hier. Ca aurait été un peu long pour détailler ça dans un commentaire, donc autant en faire un post. Au moins, ça fera un sujet pour ce billet.

Donc, tout d'abord, je cherchais à faire un portrait en high key[1], et dans ce cas-là, un fond clair, c'est mieux. Pour ça, j'ai le canapé qui est blanc cassé... Parfait. Mais bon, on n'a pas envie de savoir ce qui se passe derrière le canapé. Il a donc fallu rajouter un fond. En suivant l'idée trouvée par ici, je me suis bricolé deux pieds coincés entre le sol et le plafond, puis une perche entre les deux, et une nappe en papier fera l'affaire.

Deuxième étape, l'éclairage. Alors là, j'y connais pas grand chose, donc j'ai essayé de tâtonner, au feeling pour essayer d'arriver à une image assez homogène en éliminant toutes les ombres trop dures. J'ai joué avec des projecteurs de jardin (non mais vous avez vu le prix de vrais éclairages de studios ? faut pas exagérer quand même... Et puis j'ai autre chose à m'acheter avant ça...). Donc trois projos halogènes dans la figure (un gros de 500W de face, et puis deux plus petits sur les côtés. Ce qui aurait été utile, ça aurait été de rajouter des diffuseurs pour les lampes, mais je ne me suis pas encore penché sur la question. Disons qu'il faut quelque chose de costaud qui craigne pas la chaleur des ampoules.

Ensuite, pour compléter le tout, j'ai rajouté le flash, orienté vers l'arrière (oui, on le voit pas sur la photo d'illustration, mais j'étais justement en train de m'en servir pour la prendre, cette photo ! Et puis d'ailleurs, c'est mon ancien appareil qu'on voit là, c'est pour ça...). Vous vous souvenez du billet sur les diffuseurs maison ? Donc si vous avez bien tout retenu, vous devinez tout de suite que le mur et le plafond me servent de diffuseur géant pour le flash.

J'en vois des malins qui vont me faire remarquer un détail : mélanger le flash et les éclairages halogènes, est-ce que ça serait pas une mauvaise idée ? Effectivement, les températures de couleur sont 'achement différentes, ça va être la galère pour équilibrer ça, non ? Ben premièrement, non, parce que j'ai opté pour du noir et blanc :-p et deuxièment, ceux qui n'ont rien compris à cette histoire de température de couleur n'ont qu'à laisser ça de côté pour l'instant, j'y reviendrai une autre fois.

Donc, voilà pour le fond, pour l'éclairage. Il ne reste plus qu'à prendre la photo. Enfin presque. En fait, il reste un petit détail : le maniement de l'appareil. Parce que pour les distraits, on parlait de faire un autoportrait. Et comme j'ai un peu séché les cours de méditation transcendantale, je ne maîtrise pas encore parfaitement le chapitre sur l'ubiquité. Donc être devant et derrière l'objectif à la fois, c'est un peu dur pour moi...

Alors quels sont les challenges à ce niveau-là ?

  1. Le déclenchement (en ayant le temps de prendre la pose)
  2. La mise au point
  3. Le cadrage

Pour résoudre ça, j'ai opté pour le déclenchement à distance avec la télécommande, avec un petit délai de trois secondes. Ca me permet de me mettre en place, déclencher l'appareil et cacher la télécommande juste avant que la photo ne soit prise. Pour la mise au point, j'ai laissé l'autofocus activé au moment du déclenchement. Ne reste plus que le problème du cadrage. Epineux problème s'il en est, qui a nécessité un peu d'ingéniosité.

Première étape, le pifomètre : je prends une photo, et je vérifie sur l'écran si le zoom est réglé comme il faut, si ma tête est bien à peu prêt là où il faut, et je corrige. Sauf que si je dois me lever entre chaque essai pour vérifier ce que ça donne, puis me rassoir en essayant de me remettre à peu près au même endroit, mais juste un peu au-dessus... à droite... plus loin... à gauche... je suis pas sorti de l'auberge...

J'ai alors fait appel à un accessoire supplémentaire qu'on ne voit pas sur la photo : derrière l'appareil, il y a ma télé (oui, celle qui n'est pas branchée à l'antenne, je vois qu'il y en a qui suivent). J'y ai accroché un miroir, placé très judicieusement, de manière à me permettre de voir l'écran de l'appareil photo. Et c'est comme ça que je peux peaufiner mon cadrage : je prends une photo, je vois l'aperçu rapide de la photo sur l'écran de l'appareil dans le reflet du miroir, et je me décale de quelques centimètres dans la direction appropriée pour que mon visage se retrouve globalement dans la zone désirée.

Voilà donc ce que ça donne en image :

La mise en scène

Et avant qu'il y en aie un pour dire que chez moi, c'est Beyrouth, laissez-moi vous dire : et alors ? C'est pas le sujet. On reste concentré et on revient au thème du jour. Et puis d'ailleurs, je vois pas pourquoi je vous en montrerais autant si c'est pour avoir droit à ce genre de remarques. Autant restreindre l'illustration à l'essentiel. Voilà merci, c'est mieux.

En conclusion, vous savez comment j'ai fait pour prendre cette photo, il ne vous reste plus qu'à tenter la même chose. Et si vous êtes sages, je vous expliquerai demain comment la traiter pour aboutir à la photo finale. Enfin si je m'en souviens...

Edit : J'aurais pu simplifier certaines choses en optant pour un pilotage de l'appareil photo par l'ordinateur : ça m'aurait permis un déclenchement à distance sans avoir besoin de la télécommande et en même temps de contrôler tous les réglages de l'appareil avec ma souris sans bouger de ma place. Ca aurait aussi permis de visualiser le résultat pour ajuster le cadrage directement depuis ma place sans avoir besoin du miroir pour scruter le dos de l'appareil. Mais finalement, quand c'est trop simple, c'est même plus marrant...

Notes

[1] En gros, une photo en high key est une photo en majorité dans les tons clairs.