De la symbolique oubliée
Par Spica le Lundi 31 octobre 2011, 21:15 - Questions existentielles - Lien permanent
Notre monde va mal. Si si, c'est un fait avéré. Mais il y a des jours où on s'en rend plus compte que d'autres. Et en croisant une sorcière avec un petit vampire tout à l'heure, je me suis dit qu'on était mal barrés. Halloween est de retour, vous l'avez compris, et quoi qu'on en dise, ça suscite toujours chez moi certaines questions. Parce qu'au-delà de l'origine de cette fête, de l'ambiance plus ou moins bon enfant dans laquelle elle se déroule pour la plupart des gens, des critiques habituelles contre "une fête commerciale de plus" ou de ceux qui ne comprennent pas qu'on puisse célébrer aussi librement une fête associée au côté sombre du monde du spirituel dans notre pays si laïc, moi, ce qui me gène, c'est déjà toute l'imagerie qui va avec. Et avant de me traiter de rabat-joie, j'aimerais que ceux que mon opinion dérange ou qui trouvent que je m'indigne de peu veuillent bien répondre à une simple question : depuis quand est-il devenu "fun" de jouer avec l'image du diable, des démons, et de se déguiser en toutes sortes de créatures maléfiques ?
Sans même entrer dans le débat sur l'existence du diable et de ses comparses, je trouve que c'est déjà une simple question de bon sens que tout un chacun est en droit (pour ne pas dire en devoir) de se poser. A ma connaissance, le diable, les démons et tout leur cortège, qu'on y croit ou non, ce sont avant tout les symboles, dans la foi chrétienne comme dans la culture populaire, de l'opposition la plus totale à Dieu et à toutes formes de bonté. Ce sont les représentants du mal absolu et de tout ce qui se fait de plus horrible sur cette planète. Donc à partir de là, en quoi est-ce que leur image se prête à la plaisanterie ?
Je peut comprendre que certaines catégories de gens, gothiques et autres fans d'occultisme, puissent avoir un certain attrait pour cet univers, mais ils ont au moins le mérite de la cohérence puisqu'ils le prennent généralement pour ce qu'il représente réellement. Mais pour l'individu lambda comme vous et moi, croyant ou non, d'où nous est venue l'idée que c'était une thématique judicieuse pour quoi que ce soit ? Quand je vois tous ceux qui s'amusent à se grimer en diables, en sorcières, etc. je ne peux m'empêcher de faire un parallèle que vous trouverez probablement plus dérangeant ; si les costumiers vendaient des déguisements de SS sexy, vous croyez qu'il y aurait des filles pour les porter ? Je sais qu'on va se dépêcher de m'attribuer un point Godwin pour avoir osé faire ce genre de comparaison, mais je suis prêt à l'assumer parce que pour une fois, il me semble que l'utilisation d'un tel extrême se justifie.
Après tout, si le régime hitlérien ou certains de ces cousins génocidaires ont su marquer les esprits, c'est comme symboles de l'horreur la plus totale, au point que tout rapprochement soulève rapidement l'indignation. D'ailleurs, il me semble qu'on puisse étendre ce genre de réactions à la plupart des criminels condamnés plus ou moins récemment pour des faits atroces (meurtres, viols, pédophilie...). Oser édulcorer leur image nous paraîtrait au mieux une faute de goût, et au pire (probablement dans la plupart des cas), un scandale. Est-ce parce que tout cela est encore suffisamment présent dans l'inconscient collectif que nous luttons pour en préserver la mémoire ? J'ose espérer que non, et que même dans quelques siècles, personne n'aura la mauvaise idée de traiter ces souvenirs aussi légèrement que ceux qui aujourd'hui jonglent avec les figures de diablotins et trouvent mignon de maquiller des enfants en vampires (et pourtant, j'ai un doute quand je vois comment des criminels plus anciens arrivent à susciter plus de fascination que de répulsion). Mais si nous nous indignons si facilement lorsqu'on voit qui que ce soit utiliser ce genre de symboles modernes avec désinvolture, pourquoi nous serait-il plus naturel de le faire avec ceux qu'ils ont détrônés au palmarès des représentants du mal ?
Peut-être que vous trouverez que je pousse la comparaison trop loin. Mais vous ne m’empêcherez pas de penser que le simple bon sens voudrait qu'on ne juge pas attrayant de jouer au diable et aux démons, quelle que soit l'occasion, quelles que soient ses convictions religieuses. Il n'y a rien de sain à s'amuser avec les représentants ultimes du mal.
Commentaires
Salut Spica, j'espère que tu vas bien, heureuse année, et c'est pas un com pour que tu ailles sur mon blog !! ;-)) Et alors plus de Post ??
Merci. Bonne année à toi aussi ! Effectivement, ça fait un certain temps que je n'a pas écrit... Peut-être le manque d'inspiration, peut-être parce que je suis suffisamment occupé par pas mal d'autres choses à côté... Ca reviendra.