Mariage :
n.m. Acte solennel par lequel un homme et une femme établissent entre eux une union dont les conditions, les effets et la dissolution sont régis par les dispositions juridiques en vigueur dans leur pays (en France, par le Code Civil), par les lois religieuses ou par la coutume ; union ainsi établie.

Voilà la définition du mot mariage dans mon petit Larousse. Il est vrai qu'il date un peu : il a une quinzaine d'années, mais quand j'entends tous les débats actuels sur "le mariage pour tous", la nécessité de rétablir l'égalité et d'abolir la discrimination dont souffrent les homosexuels en matière d'union conjugale, il y a quelques points qui me dérangent. Parce qu'avant même de se poser la question de savoir si oui ou non il faut que ça arrive, il me semble qu'il y a une petite mise au point à faire : comme le faisait remarquer maître Eolas il y a déjà un certain temps, la loi n'interdit pas aux homosexuels de se marier tant qu'ils respectent les conditions qu'elle prévoit, à savoir qu'ils soient majeurs, non mariés ni parents proches, et de sexes différents. Autrement dit, un gay a tout à fait le droit d'épouser une lesbienne, l'officier d'état civil n'a que faire de leurs préférences sexuelles.

Je sais que ce préambule peut sembler un peu cynique, voire hypocrite pour beaucoup de gens, mais si vous voulez bien lire ma pensée jusqu'au bout en toute neutralité avant de me livrer au bûcher, il m'était nécessaire pour expliquer une nuance qui a son importance à mes yeux : ce qui pose problème aux homosexuels, ce n'est pas une question d'égalité des droits, mais de définition. Tout comme un homme ne peut pas se faire appeler maman (à moins de certaines opérations chirurgicales), une union entre personnes de même sexe ne peut pas s'appeler mariage à moins de modifier la définition du mot. Ce qui veut aussi dire que lorsque j'en entends dire qu'ils veulent que les homosexuels puissent bénéficier du mariage dans sa forme actuelle, non seulement c'est techniquement déjà le cas, mais c'est même contradictoire par rapport à leur pensée : que l'on soit pour ou contre, il faut bien reconnaître qu'ils ont besoin que le mot soit redéfini, donc modifié, pour pouvoir coller à leurs attentes. Ceci étant posé, libre à vous de me dire que du coup, c'est la définition qui est mauvaise mais qu'au final, ça revient au même, .

Pas pour moi, car on en arrive justement au cœur du débat : sur quels critères doit-on se baser pour établir cette nouvelle définition ? C'est là tout le problème à mon sens, parce que nous avons tendance à nous en référer à des repères différents. Certains se basent sur leurs convictions religieuses, d'autres sur les valeurs traditionnelles ou au contraire les mœurs actuelles, voire même sur toutes sortes d'autres critères, logiques ou farfelus. En ce qui me concerne, ce n'est un secret pour personne que le fondement de mes convictions est la Bible, et l'institution du mariage y intervient très tôt, dès les premières pages :

C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. Genèse 2:24

Définition qui évidemment de satisfera pas les partisans de la cause homosexuelle, et c'est leur droit puisqu'il est normal que quelqu'un qui ne partage pas ma vision de la Bible et de son autorité ne veuille pas s'en référer à elle. A dire vrai, c'est plutôt le contraire qui m'aurait surpris. Cependant si l'on me reproche de fonder ma définition du mot mariage sur des écrits religieux, qu'on me permette au moins de poser la question suivante : vous qui ne partagez pas mon avis, sur quoi vous basez-vous pour définir le mot mariage ? Vous qui souhaitez altérer son sens actuel pour en exclure la différence de sexe entre époux, sur quelle références appuyez-vous cette modification ?

Je sais que beaucoup me répondront que ce n'est qu'une question de "bon sens", que l'on n'a pas de raison de s'opposer à ce que deux personnes amoureuses et consentantes s'unissent, mais j'avoue que cette réponse ne me satisfait pas vraiment, car le "bon sens" n'a rien d'absolu. On ne fait pas plus subjectif que le "bon sens", puisque la perception de ce qui relève du bon sens est propre à chacun. Autrement dit, dire que l'on soutient une certaine définition du mot mariage car c'est une question de bon sens revient à dire que c'est une simplement une opinion personnelle que l'on ne sait pas expliquer.

Et si tel est le cas, qu'est-ce qui donne à votre bon sens plus de valeur qu'au mien ? Est-ce parce que ce que vous dicte votre bon sens est partagé par plus de gens que ce que me dicte le mien ? Dans ce cas-là, le bon sens n'a pas l'air d'être quelque chose de très fiable, parce que pendant des centaines, et même des milliers d'années, la majorité était de mon côté et rien n'empêche qu'elle ne bascule à nouveau.

Enfin pour terminer, j'en arriverai à une dernière interrogation : si l'on remet en question l'une des conditions légales actuellement en vigueur, à savoir la différence de sexe des époux, qu'est-ce qui empêche de remettre en cause les trois autres ? Je sais que certains politiques ont soulevé un tollé en posant publiquement cette même question il y a quelques semaines. Je ne me souviens pas de qui il s'agissait, ni de quel bord ils étaient, et peu m'importe, mais plutôt que de choisir la facilité et de crier au scandale comme l'ont fait la plupart de leurs adversaires, j'aurais aimé une réponse argumentée : sur quels critères objectifs vous basez-vous pour interdire une nouvelle union à des personnes qui ont déjà un conjoint, ou dont le lien de parenté est un peu trop proche (et je n'ose même pas m'attaquer au critère de l'âge) ? Après tout, s'ils aiment et que tous les protagonistes sont consentants, pourquoi leur refuser ce droit ?

Il existe encore tellement de sociétés dans lesquelles ces critères ne sont pas indispensables que j'aimerais que l'on m'explique ce qui nous permet de dire que notre perception est plus avancée, plus civilisée ou d'une quelconque manière meilleure que la leur. Beaucoup ont fait ce genre de suppositions dans le passé, et des centaines d'années après, on le leur reproche toujours[1]. En ce qui me concerne, je n'ai pas la prétention de me considérer meilleur qu'un autre. J'ai tout simplement choisi de m'en référer à ce qui est à mes yeux plus digne de confiance que les opinions changeantes des hommes, la Parole de Dieu.

Notes

[1] C'est ce que pensaient les conquistadors pendant leurs campagnes, ou la plupart des pays européens à l'époque des grands empires coloniaux, à commencer par le nôtre.