Qui n'a jamais eu un petit coup de déprime ? Tout le monde a son lot de problèmes, de soucis divers et variés, et toutes sortes de raisons de s'inquiéter ou de se morfondre. Pourtant, la Bible nous dit : "Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur; je le répète, réjouissez-vous." (Phil 4:4) Est-ce qu'un chrétien qui passe par un temps de tristesse est un mauvais chrétien ? Est-ce que le fait d'avoir un coup de blues montre qu'on n'est pas spirituel ? Je ne pense pas. Tout dépend de la façon dont on réagit. Dieu sait qu'on rencontre toutes sortes d'épreuves, et non seulement il nous encourage à ne pas nous laisser abattre, mais en plus, il nous a donné de nombreux exemples dans sa Parole pour que nous puissions réagir de la meilleure manière qui soit.

Un des exemples que je préfère se trouve dans le premier livre de Samuel, au chapitre 1 :

1 Il y avait un homme de Ramathaïm-Tsophim, de la montagne d’Ephraïm, nommé Elkana, fils de Jeroham, fils d’Elihu, fils de Thohu, fils de Tsuph, Ephratien.
2 Il avait deux femmes, dont l’une s’appelait Anne, et l’autre Peninna; Peninna avait des enfants, mais Anne n’en avait point.
3 Chaque année, cet homme montait de sa ville à Silo, pour se prosterner devant l’Eternel des armées et pour lui offrir des sacrifices. Là se trouvaient les deux fils d’Eli, Hophni et Phinées, sacrificateurs de l’Eternel.
4 Le jour où Elkana offrait son sacrifice, il donnait des portions à Peninna, sa femme, et à tous les fils et à toutes les filles qu’il avait d’elle.
5 Mais il donnait à Anne une portion double; car il aimait Anne, que l’Eternel avait rendue stérile.
6 Sa rivale lui prodiguait les mortifications, pour la porter à s’irriter de ce que l’Eternel l’avait rendue stérile.
7 Et toutes les années il en était ainsi. Chaque fois qu’Anne montait à la maison de l’Eternel, Peninna la mortifiait de la même manière. Alors elle pleurait et ne mangeait point.
8 Elkana, son mari, lui disait: Anne, pourquoi pleures-tu, et ne manges-tu pas? pourquoi ton coeur est-il attristé? Est-ce que je ne vaux pas pour toi mieux que dix fils?

Dans cette première partie, on voit la pauvre Anne qui souffre de ne pas pouvoir avoir d'enfant. Ca faisait des années que ça durait puisque Peninna avait eu le temps d'avoir plusieurs enfants de son côté ("tous les fils et toutes les filles qu'il avait d'elle" : il devait y en avoir quelques-uns). Et pour ne pas arranger les choses, Peninna en rajoutait et l'enfonçait continuellement (comme quoi, la polygamie, ça pose quelques problèmes : Jacob avait les mêmes... enfin, je digresse, ça, c'est un autre sujet).

Donc notre pauvre Anne en était arrivé à un point où elle n'en pouvait vraiment plus. Même aller aux réunions, ça ne lui faisait aucun bien (et ça avait l'air d'être la fête les réunions à l'époque : entre le culte, les repas, et tous les gens qu'on retrouve, etc.). Pourtant, Elkana faisait de son mieux pour lui faire plaisir et la gâter par rapport à sa rivale, mais ça ne changeait rien. Bon, il semblerait qu'il était aussi un peu maladroit au niveau consolation : "Est-ce que je ne vaux pas mieux que dix fils ?" Mais bon, certaines personnes ont plus de facilités que d'autres à trouver les bons mots. Le pauvre devait arriver à bout d'arguments à force d'essayer de la réconforter. Et elle, elle restait avec cette frustration dans son coeur, ce désir qui ne pouvait pas se concrétiser.

Heureusement, l'histoire ne s'arrête pas là (encore heureux, sinon on serait obligé de faire sauter une bonne partie de la Bible !). En continuant la lecture, on voit comment Anne a réagit :

9 Anne se leva, après que l’on eut mangé et bu à Silo. Le sacrificateur Eli était assis sur un siège, près de l’un des poteaux du temple de l’Eternel.
10 Et, l’amertume dans l’âme, elle pria l’Eternel et versa des pleurs.
11 Elle fit un voeu, en disant: Eternel des armées! si tu daignes regarder l’affliction de ta servante, si tu te souviens de moi et n’oublies point ta servante, et si tu donnes à ta servante un enfant mâle, je le consacrerai à l’Eternel pour tous les jours de sa vie, et le rasoir ne passera point sur sa tête.
12 Comme elle restait longtemps en prière devant l’Eternel, Eli observa sa bouche.
13 Anne parlait dans son coeur, et ne faisait que remuer les lèvres, mais on n’entendait point sa voix. Eli pensa qu’elle était ivre,
14 et il lui dit: Jusques à quand seras-tu dans l’ivresse? Fais passer ton vin.
15 Anne répondit: Non, mon seigneur, je suis une femme qui souffre en son coeur, et je n’ai bu ni vin ni boisson enivrante; mais je répandais mon âme devant l’Eternel.
16 Ne prends pas ta servante pour une femme pervertie, car c’est l’excès de ma douleur et de mon chagrin qui m’a fait parler jusqu’à présent.
17 Eli reprit la parole, et dit: Va en paix, et que le Dieu d’Israël exauce la prière que tu lui as adressée!
18 Elle dit: Que ta servante trouve grâce à tes yeux! Et cette femme s’en alla. Elle mangea, et son visage ne fut plus le même.

Alors là, il y aurait sûrement beaucoup à dire sur ces quelques versets. Je vais juste essayer de relever quelques éléments qui me semblent importants.

Le premier élément qui m'interpelle, c'est l'endroit : Silo. Silo, c'est là que se trouvait le Tabernacle à l'époque, la maison de l'Eternel. Silo, ça veut dire "lieu de repos", et je crois que c'est une très bonne description de ce qu'est (ou devrait être) la maison de Dieu. Ca me rappelle surtout cette parole de Jésus :
Matthieu 11:28
"Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos."

C'est Lui la source du vrai repos... Eh oui, comme j'aime le répéter, tout tourne autour de Jésus. Et dans ce passage, ça va un peu plus loin. Je commence tout juste à m'en rendre compte.

Pour continuer sur cette ville, Silo, c'est aussi là que se trouve l'Arche de l'Alliance, symbole de la présence de Dieu et de son alliance avec le peuple d'Israël. Aujourd'hui, nous ne vivons plus sous "l'Ancienne Alliance" comme les Israëlites. Jésus a instauré "la Nouvelle Alliance", une alliance ouverte à tous les hommes au travers de son sacrifice sur le mont Golgotha. Une alliance qu'Il a scellée de son propre sang et qui est symbolisée par la Croix. Pour moi, Silo, ça me rappelle aussi ça : l'alliance de Dieu avec les hommes à la Croix, l'endroit où Christ a payé de son sang pour mes péchés, l'endroit où mes fautes ont été pardonnées, l'endroit où Dieu m'a prouvé son amour.

Enfin, le troisième point à propos de Silo, je viens de le découvrir dans le dictionnaire biblique de la Bible Online. Le même mot apparaît dans Genèse 49:10 :
"Le sceptre ne s’éloignera point de Juda, ni le bâton souverain (ou "un législateur" dans une autre traduction) d’entre ses pieds, jusqu’à ce que vienne Schilo, et que les peuples lui obéissent."

"Schilo", c'est le même mot que Silo en hébreux, juste un peu moins francisé. Mais ce qui est intéressant, c'est la description qui en est faite : on est au beau milieu d'une prophétie qui annonce le lion de la tribu de Juda (verset 9), le roi issu de cette tribu, à qui tous les peuples seront soumis (verset 10) : pas de doute, il est question de Jésus ! (cf. Apocalypse 5.5)

Pour résumer tout ça, je dirais que la première chose à faire, c'est comme Anne de se rendre à Silo, aux pieds de Jésus. Il veut nous communiquer Son repos et Sa grâce en même temps que le pardon qu'Il nous offre à la Croix.

Ensuite, ce que l'on voit dans la démarche d'Anne, c'est qu'elle s'est tournée vers Dieu et Lui a ouvert tout son coeur. Le grand déballage. Elle en avait tellement gros sur le coeur qu'elle est restée là pendant un bon moment à prier dans son coeur, à dire à Dieu toute sa frustration, toute sa douleur, sa souffrance. Tout a dû y passer : la frustration de la stérilité, mais aussi l'humiliation que ça représentait (c'était signe de malédiction à l'époque), les méchancetés de Peninna, le sentiment d'injustice aussi, puisque Anne nous est décrit en général comme une femme pieuse, comparée à sa rivale médisante.

Et là, Eli entre en scène, totalement à côté de la plaque, croyant qu'elle est complètement saoule ! Oui, je sais, les hommes... On ne fait pas toujours preuve de beaucoup de discernement. Entre Elkana et Eli, elle est pas gâtée. Mais bon, malgré cela, son entretien avec Dieu a porté ses fruits. Lorsqu'elle se relève et s'en va, même son visage a changé ! Comme quoi, ce n'est pas pour rien que le psalmiste a écrit : "Quand on tourne vers Lui les regards, on est rayonnant de joie" (Psa 34:5) Et pourtant, lorsqu'elle quitte le temple, ce que je constate, c'est qu'elle n'a pas encore eu de réponse de Dieu : Eli n'a fait que lui souhaiter que Dieu l'exauce. Aujourd'hui, on peut voir ça comme une parole prophétique parce qu'on connaît la suite de l'histoire, mais il n'y a rien dans le texte qui ne le laissait entrevoir pour Anne. Pour moi, je crois surtout que c'est le fait d'avoir passé ce temps dans la présence de Dieu qui l'a remise sur pied. Il n'y a qu'à voir sa prière dans le chapitre 2 (versets 1 à 10).

Pour finir, j'aime bien la conclusion de ce passage :

19 Ils se levèrent de bon matin, et après s’être prosternés devant l’Eternel, ils s’en retournèrent et revinrent dans leur maison à Rama. Elkana connut Anne, sa femme, et l’Eternel se souvint d’elle.
20 Dans le cours de l’année, Anne devint enceinte, et elle enfanta un fils, qu’elle nomma Samuel, car, dit-elle, je l’ai demandé à l’Eternel.